Les femmes, les jeunes, les groupes vulnérables et les citoyens en général peuvent être décisifs pour la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030, à condition d’avoir des ressources adéquates, ont noté plusieurs intervenants qui prenaient part, ce matin, à l’ouverture du débat de haut niveau de la session 2018 du Conseil économique et social (ECOSOC). Un débat qui est aussi, pendant trois jours, celui de la Réunion ministérielle du Forum politique de haut niveau pour le développement durable, placé sous les auspices de l’ECOSOC.
Cette deuxième semaine de la sixième édition du Forum politique, sur le thème « transformer nos sociétés pour les rendre viables et résilientes », est en effet marquée par un débat général qui se tient en parallèle avec les examens nationaux volontaires auxquels prendront part 46 pays.
À l’ouverture des travaux, la Vice-Secrétaire générale des Nations Unies, Mme Amina J. Mohammed, a affirmé que « pour vraiment s’approprier et réaliser les objectifs de développement durable, il faut placer la promotion de l’égalité des sexes à l’avant-garde de tout ce que nous faisons », tout en révolutionnant la collecte de données fiables, ouvertes et désagrégées pour bien cibler nos actions et pour bien orienter nos investissements. « Si nous voulons réaliser les objectifs de développement durable, alors nous avons besoin de beaucoup plus de leadership et de participation de la part des femmes », a renchéri le Président de la soixante-douzième session de l’Assemblée générale, M. Miroslav Laj%u010Dák.
« Un avenir durable et prospère sera réalisable lorsque les jeunes feront partie de l’équation », a averti de son côté l’Envoyée du Secrétaire général pour la jeunesse, Mme Jayathma Wickramanayake. Elle a appelé à encourager les 1,8 milliard de jeunes, « cette génération qui connaît, prend soin et prend en charge le programme de développement mondial ». Les jeunes dirigeront ce programme dans les années à venir, a-t-elle aussi rappelé, précisant qu’en fait, ils le font déjà dans de nombreux endroits du monde.
L’état de la mise en œuvre du Programme 2030, trois ans après son adoption, a suscité de nombreuses inquiétudes. Mme Mohammed a ainsi déploré un ralentissement, voire une perte d’élan. Elle a pris pour preuve le nombre croissant des personnes souffrant de malnutrition, qui est passé de 777 millions à 815 millions entre 2015 et 2016. Pendant ce temps, a-t-elle poursuivi, nous n’avons pas encore réussi à débloquer et à orienter les ressources indispensables au financement du Programme 2030.
Le Président de l’Assemblée générale n’a pas dit le contraire en mettant l’accent sur les financements. À un an de l’examen de cette mise en œuvre par l’Assemblée générale, en septembre 2019, il n’est pas passé par quatre chemins pour dire que « nous n’avons pas assez d’argent pour atteindre nos objectifs ». « Mais l’argent existe », a-t-il assuré en expliquant qu’il fallait aller au-delà des modèles traditionnels de mobilisation des financements et explorer les partenariats et les atouts, comme l’intelligence artificielle et les technologies de la communication.
La Présidente de l’ECOSOC, Mme Marie Chatardová, a précisé que, malgré une meilleure mobilisation des ressources intérieures, « nous sommes bien en deçà des montants dont nous avons besoin pour réaliser les objectifs de développement durable ». De ce fait, « certaines populations courent encore un grand risque d’être laissées pour compte et nous avons besoin de plus de stratégies et de données désagrégées ».
« Pour avancer à la vitesse et au rythme requis, Mme Mohammed a prescrit une action plus poussée et plus vaste. « Ainsi, le repositionnement du système des Nations Unies pour le développement, entériné il y a un mois par l’Assemblée générale, garantira une meilleure intégration et coordination des entités des Nations Unies et de nos partenaires. » Il renforcera la réponse collective qui devra être transparente et responsable pour donner des résultats tangibles dans la vie des gens.
Le Président de l’Assemblée générale a en outre invité à « rester réalistes », prévoyant d’énormes défis. « Dans certaines parties du monde, en particulier en Afrique subsaharienne, des gens vivent encore dans des conditions que la plupart d’entre nous ne pourraient même pas imaginer », s’est-il ému. « Il est incroyable de voir qu’une personne sur six n’a toujours pas accès à de l’eau potable » et « qu’aujourd’hui, à l’ère du numérique, il y a encore des gens vivant sans électricité ». Mais, sans le Programme 2030, « le monde aurait été un endroit très effrayant ».
L’Envoyée pour la jeunesse a longuement plaidé pour l’implication des jeunes, y compris dans les délégations officielles se rendant au Forum politique, afin « d’ajouter de la valeur aux travaux tout en renforçant l’équité intergénérationnelle ». Elle a également demandé des données qui tiennent compte de la variable jeunesse, afin de bien juger des investissements dont ils sont la cible.
« Des actions », a réclamé à son tour Mme Michelle Yeoh, Ambassadrice de bonne volonté du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), qui a dit « croire au pouvoir des voix unifiées et à l’impact des actions individuelles et collectives ». Selon elle, le rôle des citoyens peut être aussi décisif, car « en tant qu’individu, nous avons le pouvoir collectif, par exemple, d’exiger des solutions et des produits neutres sur le plan climatique ou de façonner une économie neutre en carbone par nos achats ».
Au cours du débat général entamé dans l’après-midi, une vingtaine d’orateurs ont rappelé, une fois encore, que l’objectif du Programme 2030 est de ne laisser personne sur la touche.
Le débat général se poursuivra demain, mardi, 17 juillet, à partir de 15 heures, alors que les examens nationaux volontaires auront lieu pendant toute la journée. La Réunion ministérielle du Forum politique de haut niveau pour le développement durable, placé sous les auspices de l’ECOSOC, s’achèvera le 19 juillet par l’adoption d’une déclaration ministérielle.
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