A l’initiative de la Plateforme régionale des organisations paysannes d’Afrique centrale (PROPAC), le deuxième Forum régional sur l’agroécologie s’est tenu du 11 au 13 septembre 2024 à Douala (Cameroun), sous le thème : « L’agroécologie face aux enjeux du développement local et des dynamiques socio-économiques des territoires ». Une soixantaine de participants y ont pris part, en l’occurrence des leaders, des jeunes et des femmes des organisations paysannes nationales membres de la PROPAC, des représentants d’organisations agroécologiques telles que l’AFSA, des Communautés économiques régionales (CEEAC, CEMAC), des ministères sectoriels du Cameroun, des partenaires au développement (UE, FIDA, FAO, GIZ), des ONG européennes (AGRICORD, Forum Rural mondial, TRIAS) et des instituts régionaux de recherche agricole (CORAF, PRASAC).
L’objectif était d’accroître la compréhension, l’intérêt et le soutien des décideurs politiques et des bailleurs de fonds pour des politiques promouvant l’entrepreneuriat agroécologique à différents niveaux en Afrique centrale. Il s’agissait d’une occasion propice pour renforcer les liens entre les acteurs de l’agroécologie et promouvoir des pratiques agricoles durables. En mettant l’accent sur la collaboration et l’innovation, le forum ambitionne à terme de contribuer à façonner un avenir plus résilient et prospère pour les communautés locales et les territoires de la région.
L’un des points phares du forum était la leçon inaugurale délivrée par le chargé de programmes à l’Alliance pour la souveraineté alimentaire en Afrique (AFSA), Famara Diédhiou. Son intervention intitulée : « Agroécologie et développement des territoires : enjeux, défis et opportunités en Afrique », a révélé les différentes facettes de l’agroécologie et son rôle crucial dans le développement durable des territoires africains. L’intervenant a abordé les principaux enjeux et défis auxquels l’agroécologie est confrontée, notamment : la transition vers des systèmes agricoles durables (remplacer les pratiques industrielles par des méthodes respectueuses de l’environnement), la souveraineté alimentaire (assurer que les communautés locales produisent suffisamment de nourriture de manière durable), le changement climatique (renforcer la résilience des systèmes agricoles face aux impacts climatiques).
Néanmoins, indique l’expert, l’agroécologie constitue une niche d’opportunités pour le continent africain, en termes d’amélioration de la biodiversité (restaurer et préserver la biodiversité locale grâce à des pratiques agricoles durables), de renforcement des économies locales (stimuler les économies locales en créant des emplois et en améliorant la sécurité alimentaire) et de soutien des politiques publiques (intégrer l’agroécologie dans les politiques agricoles nationales, à l’image de certains pays africains). La leçon inaugurale a en outre permis de passer en revue des sujets tels que la gestion des ressources naturelles, les politiques de soutien à l’agroécologie, et les défis spécifiques rencontrés par les agriculteurs africains. L’enjeu étant de voir dans quelle mesure l’agroécologie peut transformer les territoires africains et contribuer à un avenir plus durable et équitable.
Défis et opportunités de l’agroécologie
La PROPAC a mis un accent sur les défis et les opportunités de l’agroécologie, dans un contexte où l’agriculture, surtout l’agriculture familiale, fait face à la question du changement climatique qui commence déjà à affecter les productions agricoles, à appauvrir nos terres et à détruire l’environnement. « Nous pensons que ce forum est une occasion d’échanger aussi bien avec les gouvernements, les jeunes (parce que nous préparons déjà les jeunes à assurer la relève) pour entrer en profondeur et voir les problèmes qui se posent réellement et les moyens de les résoudre avec les techniciens autour de nous, notamment les ministères de l’Agriculture de toute la région. Nous allons donc essayer de sortir d’ici avec des propositions concrètes pour permettre aux agriculteurs de changer leurs méthodes de travail, leur façon de considérer la terre », a indiqué le Président du Conseil d’administration de la PROPAC, Kolyang Palebele.
Selon notre interlocuteur, le terme « agroécologie » est déjà dans l’ADN du producteur africain. « Au niveau de nos agricultures, nous pratiquons depuis fort longtemps l’agro-écologie. L’agro-écologie est dans le sang de l’Africain. L’Africain ne détruit pas systématiquement la végétation. Il la protège plutôt. Mais, avec l’arrivée de la mondialisation des systèmes de production intensive, les gens ont commencé à détruire nos arbres et forêts. C’est ce qui entraîne beaucoup de difficultés observées dans la production agricole », soutient le PCA de la PROPAC. A son avis, une révolution des pratiques s’impose. « Il faut travailler, réfléchir avec tous les techniciens. Nous avons des ressources humaines en Afrique centrale. Au Cameroun, il y a de très grands chercheurs qui sont animés de très bonnes volontés. Même au niveau de la sous-région, vous avez des gens qui comprennent le phénomène et qui souhaiteraient avoir une occasion comme celle-ci pour réfléchir avec les producteurs. Nous allons donc voir dans quelle mesure sortir d’ici avec une autre façon de voir les choses », conclut Kolyang Palebele.