Le DAAD-Kamerun a assuré le 27 septembre 2024 à Douala la coordination technique d’une conférence sur l’impact des micro-plastiques dans l’environnement aquatique au Cameroun. Les réflexions ont-elles été à la hauteur des attentes ?
Le DAAD finance cette activité qui est une rencontre de ses anciens boursiers aujourd’hui enseignants dans les universités du Cameroun et donc des scientifiques de haut vol, qui sont préoccupés par la question de pollution liée aux plastiques dans notre environnement. Il s’agit d’une problématique qui est d’ampleur mondiale et qui ne concerne pas que le Cameroun. La présence du plastique dans notre environnement est manifeste sur toutes ses formes et surtout sur les formes les plus invisibles. Il s’agit là d’un enjeu vital. Comment contenir la propagation des micro-plastiques dans notre environnement du fait même de leur forme micro, moins perceptible ? Nous avons tendance à négliger leur impact sur l’environnement par rapport à d’autres facteurs de production. Nous avons écouté une présentation qui portait sur la transformation de ces micro-plastiques dans l’économie circulaire. Nous espérons qu’à travers les initiatives qui ont été présentées, ces idées donnent lieu à de petites initiatives si ce n’est des projets qui pourront contribuer à l’auto-emploi des étudiants déjà mais en même temps à résoudre un problème environnemental.
A travers cette activité, est-on en droit de dire que l’Allemagne conforte davantage sa position dans le mouvement écologique ?
L’Allemagne est déjà un pays qui a une très forte tradition écologiste. Les mouvements écologistes en Allemagne se sont fortement renforcés dans les années 60 et du coup, ces luttes politiques se sont rapidement matérialisées dans l’économie. Par exemple, en Allemagne, le recyclage, le tri des poubelles fait partie du quotidien des Allemands dès le berceau. En Allemagne, c’est systématique de trier la poubelle. En le triant, on facilite le traitement, y compris aussi dans la matière plastique dont nous parlons ici. Il y a en Allemagne des normes de fabrication mais aussi des normes de réutilisation qui imposent à l’industrie des pratiques qui, depuis des décennies, ont fait que le pays n’est pas venu certes au bout du problème du plastique mais a certainement rendu ce problème présent dans la conscience des populations. Chaque jeune allemand, chaque jeune allemande dans son éducation au quotidien, est déjà sensibilisé à la question de la réutilisation. A côté de cela, il y a de très larges incitations économiques. Par exemple : la réutilisation est gratifiée par des bonus. Autrement dit quand vous achetez de l’eau minérale ou une boisson en Allemagne, le système de consigne fait ses preuves. Cette consigne est encouragée par un certain bonus. Ce qui fait que vous pouvez collecter un ensemble de bouteilles et à l’échange vous recevez un bon au prorata du nombre de bouteilles que vous aurez ramené. Nous connaissons également au Cameroun le système de consignes qui sont des consignes à l’achat pour des bouteilles en verre. Pourquoi ne pas étendre cette pratique à d’autres types de récipients qui pourraient aussi avoir d’autres normes. Nous sommes ici en train d’explorer ce genre de problématiques et on se demande quelle est en la faisabilité, quels sont les freins pour le contexte camerounais.
L’idée étant de faire comprendre que les déchets plastiques ne sont plus un problème comme on le croyait jusqu’à présent, mais également une solution…
Ah oui ! De toute façon, si le plastique pouvait disparaître de notre quotidien par un claquement de doigts, ça se saurait. Donc, je n’ai pas cru comprendre dans les présentations qui ont été faites par les enseignants de haut vol qu’il y avait une forme de dénonciation, de rejet total du plastique. Il s’agit quand même d’une matière clé dans le cycle industriel de notre époque. Je crois que la mauvaise approche serait de se contenter de dire que le plastique n’est pas bon et qu’il faut l’éviter. Il faut en contrôler l’usage, le cycle de vie mais il faut bien comprendre que tant dans l’industrie que dans notre quotidien, le plastique est une matière fondamentale. La problématique pour nous c’est davantage de voir dans quelle mesure réduire l’empreinte écologique. Cette empreinte est très forte et elle l’a toujours été pendant des décennies. Peut-être que nous en prenons aujourd’hui la conscience de son impact et l’idée c’est de se dire comment limiter cet impact et comment faire en sorte que demain, nous ayons des formes de plastiques encore plus écologiques. Avec une prise en compte de leur réusage au moment de la fabrication.