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Gestion durable de la réserve forestière de Bali-Nguemba et du sanctuaire de faune de Tofala Hill : les parties prenantes définissent des actions prioritaires pour la période d'oct


Les gestionnaires de la réserve de Bali-Nguemba dans le Nord-Ouest et du sanctuaire de faune des collines de Tofala dans le Sud-Ouest se sont retrouvés à Dschang le 19 septembre 2024, pour analyser les facteurs de dégradation des forêts et de perte de biodiversité et identifier les mesures à prendre pour les éviter. L’activité se tient surtout dans un contexte où la mise en œuvre du projet : « Eliminer les obstacles à la conservation de la biodiversité, à la conservation de la biodiversité, à la restauration des terres et à la gestion des durable des forêts à travers une gestion communautaire des paysages » (COBALAM) financé par le Fonds mondial pour l’environnement (GEF) à travers le Programme des Nations unies pour l’environnement et implémenté par le ministère de l’Environnement, de la Protection de la nature et du Développement durable (Minepded) et Rainforest Alliance en tant que partenaire technique d’implémentation, connaît des balbutiements dans les zones anglophones. « C’est une question qui a été beaucoup discuté l’année dernière lors de l’assemblée générale du Fonds mondial pour l’environnement qui voulait se rassurer que le Minepded va travailler dans ces zones. Le ministère leur en a donné la confirmation. C’est la raison pour laquelle nous avons décidé de convenir les parties prenantes qui travaillent tout autour ou dans ces réserves pour discuter sur les problèmes que rencontrent la réserve de Bali-Nguemba et le sanctuaire de faune de Tofala Hill », a décliné le coordonnateur des activités de Rainforest Alliance dans les hautes terres de l’Ouest, Jacques Waouo.

L’état des lieux dressé par les parties prenantes sous la modération de l’Ong américaine Rainforest Alliance a révélé que les populations mènent des activités dans ces espaces, coupent des arbres, mènent de la chasse et font des plantations à l’intérieur. Grâce à la mise en place d’un comité paysans-forêts dans la forêt de Bali-Nguemba dans le département de la Mezam (région du Nord-Ouest), l’Agence nationale d’appui au développement forestier (Anafor) a installé 30 ha de plantations entre 2015 et 2016 dans la partie basse de la réserve qui, à l’époque, était la partie la plus dégradée. « Malheureusement, après 2017, cette réserve a connu du fait de la crise sécuritaire, une multiplication du pillage qui jusque-là était à ses balbutiements. Les informations en notre disposition font état d’une dégradation accentuée. Les 30 ha plantés par l’Anafor n’existent plus. Ils ont été totalement coupés sous formes de perches à la quatrième année », confie le chef d’antenne régional Anafor, zone de savane humide, Christian Sime.

Sur la partie haute de la réserve (nord), il y avait à peu près 130 ha de plantations d’eucalyptus totalement finalisées à l’époque, au point où des discussions ont été engagées avec Eneo pour l’exploitation des poteaux bois. « Nous avons réalisé avec Eneo l’inventaire du potentiel qu’il y avait sur pied. On se dirigeait vers une exploitation. Malheureusement, la crise est venue et a rendu les choses un peu plus difficiles. Après nous, les gens sans foi ni loi sont entrés à l’intérieur de ce potentiel et ont pratiquement coupé tous ces arbres », martèle M. Sime. La réserve de Bali-Nguemba (1147 hectares) a été transférée en gestion à l’Anafor en 2015 par le ministère des Forêts et de la Faune (Minfof), précise notre interlocuteur.

La situation du sanctuaire de faune de Tofala Hill (8163 ha) dans le département du Lebialem (Sud-Ouest) n’est pas reluisante. « Il a été créé en 2014 et en 2019 on a finalisé le plan de gestion. Avec la crise anglophone, la phase de gestion a été esquivée parce que les acteurs principaux qui sont le conservateur et le staff du sanctuaire employé par l’Etat ne pouvaient plus s’y rendre. Cinq ans après, le plan de gestion est expiré et il faut le renouveler », a indiqué Louis Nkembi, président de l’Ong Environment and Rural Development Foundation (ERuDeF) basée à Buea. Un autre problème est non des moindres a été évoqué par M. Waouo et fait référence au fait que certains chefs traditionnels ne maîtrisent pas les enjeux autour de « l’importance de ces zones pour le Cameroun dans l’atteinte des Objectifs de développement durable (ODD) et des objectifs d’engagements internationaux sur le plan environnemental ».

Synergie d’actions pour la restauration des paysages de Bali-Nguemba et de Tofala Hill

Malgré les pressions anthropiques qui menacent la réserve de Bali-Nguemba et le sanctuaire de Tofala Hill, l’espoir reste permis. D’où la rencontre de Dschang qui a permis de baliser le terrain. « Le programme avait initialement pour vocation une zone bien déterminée. Mais, pour des raisons sécuritaires, le programme n’a pas pu se déployer dans tous les sites, notamment la réserve de Bali-Nguemba et le sanctuaire de Tofala Hill. Dans l’activité d’aujourd’hui (jeudi 19 septembre, ndlr), il s’agit pour les parties prenantes de ces côtés du paysage des Monts Bamboutos, d’identifier ensemble les forces motrices de la dégradation de ces réserves, afin de sortir avec un plan d’actions », a expliqué le directeur national Cameroun de Rainforest Alliance, Dieunedort Wandji. « Nous voulons à tout prix que, malgré le retard, il y ait un certain rattrapage pour que le projet soit implémenté sur toutes les zones identifiées au départ », poursuit-il. Pour ce faire, les facteurs de succès à ce stade sont de deux catégories. Le premier est lié au niveau de sécurité dans la zone. Le deuxième est la dynamique qui est déjà perçue, que ce soit au niveau des autorités publiques, des responsables traditionnels (fons), des structures comme ECO-PH et ERuDeF. « Nous pensons que nous avons les acteurs clés sur le terrain. Ceci traduit de l’intérêt et de l’engagement. Sur cet aspect, nous avons de l’assurance. Mais le côté sur lequel nous avons très peu d’assurance c’est le sur le plan sécuritaire. Mais, nous osons croire qu’étant des acteurs dans le paysage, on pourrait néanmoins espérer qu’il y ait une mise en œuvre des activités identifiées », souhaite M. Wandji.

La mise en œuvre de ce plan d’actions requiert notamment la contribution des collectivités territoriales décentralisées (CTD) et des chefferies traditionnelles. « A l’ère de la décentralisation, les maires sont de plus en plus engagés dans la gestion de leurs ressources, notamment les forêts. Les communautés ont l’occasion d’en bénéficier. Il n’est jamais trop tard. Nous allons travailler ensemble, main dans la main, pour se rassurer que notre réserve soit gérée durablement et que les communautés bénéficient de son exploitation. Nous espérons que la forêt de Bali-Nguemba sera restaurée et qu’une variété d’arbres sera mise en terre à l’occasion, pour assurer sa durabilité », déclare le maire de Bali dans le département de la Mezam, région du Nord-Ouest, Ernest Wandum.

A sa suite, S.M. Nana Wanda Theodore III, Fon de Bawock dans la même localité, voit d’un très bon œil l’initiative engagée par le Minepded et Rainforest Alliance. « Nous avons été témoins de la destruction de notre forêt il y a quelques années. Pourtant, c’est elle qui nous procure de l’eau sur la partie basse du village. Ce séminaire est important parce qu’il va nous permettre de protéger notre environnement de manière efficace, partant d’implémenter la politique un habitant un arbre afin de détourner les populations de l’exploitation illégale », a fait observer l’autorité traditionnelle. Il va plus loin dans son argumentaire. « Nous pouvons en même temps étendre nos forêts et associer les commodités comme le cacao, le café et la banane. Nous souhaitons aussi de nouvelles espèces comme le mahogany et l’iroko et décider de planter l’eucalyptus juste sur la partie haute de la réserve forestière. Avec la nouvelle politique qui associe les populations à l’exploitation des ressources, des industries pourront s’installer autour de la forêt pour transformer les ressources sur place selon une approche durable, tout en préservant les forêts au même moment », soutient-il.

La gestion participative, clé de réussite du projet de restauration

Pour être pragmatique, les parties prenantes ont défini de manière concertée et participative, des activités pratiques à mener sur les court, moyen et long termes, sous la modération de l’Ong américaine Rainforest Alliance. Ces actions d’envergure qui vont s’étaler d’octobre 2024 à juin 2025 vont de la finalisation des plans d’aménagement à la formation des communautés sur les bonnes pratiques agricoles en passant par l’évaluation du potentiel écotouristique pour développer des activités à forte valeur ajoutée. La distribution des foyers améliorés, la diffusion des pratiques écoresponsables ainsi que la création des activités génératrices de revenus comme l’apiculture, la fabrication du charbon écologique notamment, seront implémentées sur le terrain. Afin de donner de la visibilité à ces actions, les radios communautaires seront mises à contribution pour disséminer les résultats à mi-parcours et à la fin du projet. « Le soutien des autochtones est capital pour la survie du sanctuaire, parce qu’il faut les décourager à détruire les habitats des gorilles du sanctuaire », souhaite Louis Nkembi, président de l’Ong ERuDeF.

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