La création d'emploi et en particulier pour les jeunes dans le marché du travail reste une problématique fondamentale inhérente à chaque société. En Afrique de l'Ouest, si le problème est déjà présent aujourd'hui, il sera aggraver d'ici deux décennies lorsque la population des jeunes dans la région aura explosé du fait de la croissance démographique. Les jeunes sur le marché du travail est donc une question fondamentale dans la région puisqu'en effet, des millions de jeunes sont sans emploi ou sont sous-employés. Il reste aussi les millions de jeunes qu'il faudra éduquer et insérer dans la vie professionnelle qui ne sont pourtant presque pas représentés dans les instances où se formulent les politiques publiques.
Pour réduire le chômage et le sous-emploi des jeunes en Afrique de l'Ouest, cinq recommandations peuvent être proposer pour orienter l'action collective des décideurs. Tout d'abord, faire de la création d'un maximum d'emplois pour les jeunes une priorité d'action des pouvoirs publics, et donc d'intégrer cet objectif comme par les pouvoirs publics. Par conséquent, cela implique d'intégrer comme stratégie prioritaire dans toutes les politiques publiques de la région, notamment par l'intégration de critères de création d'emplois et de stages dans l'évaluation des dossiers de soumission aux marchés publics, mais aussi de politiques fiscales permettant plus facilement le recrutement de stagiaires et incitant à la création d'emplois salariés et enfin par des politiques réalistes de développement industriel ciblé comme par exemple la création de programmes nationaux de stages
transparents dans le secteur public et parapublic. Ensuite, concentrer la création massive d'emplois pour les jeunes dans des domaines précis comme dans l'agriculture, l'élevage, l'industrie et les services connexes, par une politique volontariste mélant la création de marchés de location de terre mais aussi la création de services publics de vulgarisation agricole, la création de guichets liés à l'emploi en milieu rural au sein des institutions en charge de la promotion de l'emploi. Il faut également intégrer dans les programmes scolaires des activités de sensibilisation à l'agriculture et à l'élevage mais surtout soutenir des projets innovants d'entrepreunariat en milieu rural. Pour rémédier au problème de la faible employabilité chez les jeunes, diplômés de l'enseignement secondaire ou supérieur ou non, il est primordial d'intégrer de manière urgente et cohérente dans les programmes scolaires, de la primaire au supérieur, des ateliers de développement de compétences fondamentales pour le travail et la vie en société, de créer des centres de services en partenariat avec le secteur privé afin de permettre aux étudiants d'avoir accès à des formations aux techniques de recherche d'emploi et d'accéder aux informations sur le marché du travail. La création d'emplois pour les jeunes en Afrique de l'Ouest est également impossible si on n'opère pas à une réexamination de l'ensemble de la législation du travail dans les pays de la région par les codes de travail. Cela entrainerait des réformes qui permettrait la facilitation de la création d'emplois, mais aussi la protection des droits des travailleurs, en introduisant notamment des nouveaux types de contrats de travail adaptés au tissu économique local comme en créant des contrats de travail à temps partiel conçus pour les étudiants. Il faudrait aussi simplifier les procédures auprès des administrations chargées de veiller au respect de la législation du travail. Enfin, il faudrait investir des ressources publiques au niveau national et régional. En effet cela permettrait une nette amélioration de la collecte de statistiques fiables sur les marchés de l'emploi et lancer un programme de recherche multidisciplinaire sur l'emploi des jeunes dans l'ensemble de la région, en associant universités et institutions de recherche mais aussi le secteur privé.
Quelle stratégie de mise en oeuvre ?
Pour passer de simples recommandations à l'action, il faut donc opérer des réformes concrètes qui suppose trois grands points. Tout d'abord, de clarifier la responsabilité des différents acteurs de la société dans la prise de décision sur l'emploi des jeunes. Les gouvernements ont en effet une responsabilité première dans la création des cadres politique, institutionnel, économique, éducatif et socioculturels étant favorables à une croissance économique créatrice d'emplois massifs. C'est en effet sur les gouvernements que doivent porter le plaidoyer en faveur des réformes, et sur eux que doivent se diriger la pression des opinions publiques. Ensuite, il faut créer au niveau national et régional des coalitions de la société civile sur la question de l'emploi des jeunes comme priorité stratégique permanente. Enfin, il s'agit de ne pas éluder les questions les plus difficiles pour être capable de prendre des décisions et de s'y tenir dans le temps. Même si tous les acteurs sociaux et politiques en Afrique de l'Ouest sont de commun accord pour considérer l'action en faveur d'emploi des jeunes comme prioritaire, il y a néanmoins peu de chances qu'ils s'entendent sur les moyens et les réformes à mettre en oeuvre. Ainsi, la question de la réforme des codes du travail dans le sens d'une plus grande flexibilité est primordiale puisqu'aujourd'hui, la très grande majorité des travailleurs de l'économie informelle ne sont pas concernés directement par le droit du travail mais aussi la question des réformes visant à sensibiliser les jeunes dans les systèmes d'éducations par des formations impliquent des coûts immédiats et donc des sacrifices importants pour certains des acteurs du système éducatif. Ainsi, il apparaît comme indispensable que toutes les catégories d'acteurs, et y compris les acteurs sociaux, saisissent les enjeux inséparables des orientations économiques nationales, de l'emploi et de l'éducation. Il faut également prendre en compte la voix des jeunes.
# MOGED