Le concept de “ criminalité environnementale “ est à son apogée dans le langage politique et médiatique contemporain. Entre 2014 et 2016, les montants concernés par le crime environnemental ont grimpé de 26% pour atteindre une valeur estimée entre 91 et 259 milliards de dollars. Ainsi, le trafic lié aux ressources naturelles est devenu le quatrième marché criminel mondial avec une croissance estimée à deux ou trois plus rapide que celle de l’économie globale. Le trafic lié aux ressources naturelles à même surpassé en termes de revenus générés le trafic illégal d’armes légères.
Qu’est-ce que la criminalité environnementale ?
La criminalité environnementale fait référence aux atteintes portées par l’homme à son environnement comme l’exploitation illégale d’espèces sauvages, la pollution ou la criminalité liée à la gestion de l’eau. Ce concept traduit les pratiques qui nuisent à l’environnement en criminalisant ces actes et permet ainsi d’inscrire les atteintes à l’environnement dans le champ du droit. Pour qu’un acte soit considéré comme un acte de criminalité environnementale, il faut qu’il viole la législation en vigueur dans la zone où cet il est commis.
L’Afrique de l’Ouest est devenue un pôle d’exploitation illégale et de transit pour le trafic d’espèces naturelles. Par exemple, entre 2007 et 2014, plus de 17 000 kilos d’ivoire ont été saisis dans les grands ports de la région. La criminalité environnementale en Afrique de l’Ouest concerne surtout la pêche illicite et l’exploitation forestière illégale.Le concept de criminalité environnementale ne renvoie pas seulement aux actes de l'abattage des bois par exemple, elle comprend aussi tout le processus à savoir la falsification des documents, la corruption, la fraude, le blanchiment… Les dégâts environnementaux causés par ces pratiques criminelles sont nombreux : pollution, destruction des forêts primaires, perturbation des écosystèmes, érosion et épuisement des sols, pertes d’habitats vitaux pour certaines espèces de faune et flore… En Afrique de l’Ouest, le trafic de bois est particulièrement visé, en effet, le trafic de bois précieux et tropicaux fait des ravages. Par exemple, le bois rose fait l’objet de trafic au Nigéria, au Ghana, au Bénin ou en Côte d’Ivoire, le kevazingo fait l’objet de trafic au Gabon mais aussi le bois de vène, le doussié, le caïlcédrat ou le rônier font l’objet de trafic dans divers pays sahéliens.
Toutefois, la criminalité environnementale n’est pas seulement une problématique écologique. En effet, en Afrique de l’Ouest, les impacts socio-économiques et sécuritaires liés au trafic de bois sont tout aussi préoccupants. Le trafic de bois crée et alimente même certains conflits dans la région, qu’on nomme par conséquent “bois de conflit” ou “bois de sang.” Par exemple, en Casamance, une région forestière du Sénégal, le trafic illicite de bois exporté en Gambie entre 2010 et 2014 a contribué au financement du groupe rebelle armé Mouvement des forces démocratiques de la Casamance (MFDC).
Ensuite, la criminalité environnementale à bien sûr des impacts économiques. L’exploitation illégale de bois échappe à tout système de taxation gouvernemental, ce qui prive les Etats d’importantes sources de revenues qui leur sont pourtant primordiales. D’après le think tank Africa Progress Panel, ce n’est pas moins de 17 milliards de dollars qui échapperaient et cela chaque année aux économies africaines en raison du trafic de bois.
D’après un rapport du Programme des Nations Unies pour l’Environnement (PNUE) et d’Interpol, il y aurait plus de trente techniques d’abattage, de blanchiment et de commercialisation illégales. La lutte contre la criminalité environnementale se heurte à un fait majeur, en effet, le manque d’harmonisation de législations forestières constituent le principal obstacle de la lutte contre les crimes forestiers. De plus, les moyens employés par les trafiquants sont de plus en plus sophistiqués.
Pour lutter efficacement contre les crimes forestiers, il faudrait demander davantage de transparence quant à la provenance du bois. Il faudrait également ajuster nos comportements et nos choix de consommation, le bois produit de manière illicite est en effet à moindre coût sur les marchés.
Pour conclure, d’après l’organisation internationale Greenpeace, 15 à 30% du volume de bois produit dans le monde serait issu d’une récolte illégale. Il est important également de rappeler qu’entre 13 et 15 millions d’hectares de forêts disparaissent chaque année et toutes les minutes, c’est plus de 2000 arbres qui sont abattus.
# MOGED
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