GIDD : un appel d’urgence en faveur de la production agricole et la gestion efficace des ressources naturelles dans l’espace urbain et périurbain d’Haïti
L’accroissement poussé de la population mondiale dans les villes ne cesse pas de suivre son chemin remarquable. Par exemple, en 1700, 7% des habitants étaient des citadins, pour l’année 2014 ils représentaient 53%. Au cours de cette année (2018), l’Organisation des Nations Unies annonce que 2 personnes sur 3 dans le monde habiteront, probablement l’espace urbain d’ici 2050. De nos jours, Haïti est connue parmi des pays les plus touchés par le phénomène en question. Le rapport de la Banque Mondiale, de 2018, concernant la résilience urbaine mentionne qu’Haïti est le troisième pays le plus urbanisé dans l’Amérique latine et les Caraïbes. Pourtant en 1950, sa population urbaine représentait 10 % de celle totale. Depuis un certain temps, l’exode rural chronique a vraiment transformé cette réalité. Actuellement, plus de 133 000 habitants quittent les zones rurales pour s’installer en ville chaque année. Cela traduit la présence de plus de 50 % des haïtiens vivant en milieu urbain.
La situation d’Haïti sous étude n’est pas le fruit du hasard. Elle est un corollaire de la quête des services sociaux de base, capables de répondre aux besoins en biens et services, notamment concentrés dans les villes en quantité réduite ; tenant compte qu’une grande partie de la population haïtienne oubliée par l’action publique et autre s’engage continuellement, sous toute forme, à abandonner le milieu rural pour s’implanter dans les plus importantes villes du pays et leurs périphéries. L’ensemble de cet engagement qui vise l’amélioration des conditions de vie a, de préférence, contribué à augmenter les problèmes du pays ; puisqu’aucune structure d’accueil n’a pas été préalablement mise en place pour recevoir ces déplacés. La présence de ces derniers a dénaturé les structures environnementale, économique et sociale des villes du pays, sans oublier le milieu rural abandonné. De cette dénaturalisation, l’environnement du pays se dégrade de plus en plus. À présent, la perte de couverture végétale d’Haïti dépasse 98%. Une perte qui appauvrit la biodiversité tenant compte de ses composantes et des données de l’année 2012 du Ministère de l’Environnement d’Haïti qui annonçait que plus d’une centaines d’espèces animales et une trentaines d’espèces végétales étaient en voie de disparition. Avec cet appauvrissement, il est clair que l’insécurité alimentaire est devenu plus alarmante. Selon le programme SBC de l’Union européenne, 30% de la population haïtienne est en insécurité alimentaire élevée ou modérée et 70% de cette population se trouve en situation d’insécurité alimentaire chronique. Cette situation est une conséquence de la réduction considérable de la production agricole au niveau du pays et de la dépendance des produits alimentaires venant de l’extérieur. Pourtant, le pouvoir d’achat de l’haïtien est tellement faible avec un revenu mensuel par habitant qui s’élevait à 65$ US en 2016, selon des données de la Banque Mondiale.
Au niveau des villes d’Haïti et ses périphéries, cette dépendance de produits alimentaires est plus complexe, puisque la production agricole reste jusqu’à date une activité productive du milieu rural ; en dépit de sa place dans la création de richesse. Tenant compte de l’importance d’une telle activité, qui est capable de fournir des biens de consommations, de générer de revenu et de soutenir l’environnement, dans l’idée de faire face à l’insécurité alimentaire chronique, à la faiblesse du revenu moyen par haïtien et la dégradation des ressources naturelles. Nous jugeons impérieux d’adresser cet appel aux acteurs intervenant dans le pays, particulièrement les décideurs nationaux et autres, d’encourager l’implémentation de projet axé sur l’accompagnement technique des organisations de base pour la promotion de la production agricole et la gestion efficace des ressources naturelles dans l’espace urbain et périurbain.
Ce modèle de projet qui d’un côté embrasse l’intervention, par la sensibilisation et la formation technique, auprès des organisations locales pour qu’elles soient en mesure de jouer un rôle incontournable dans la réduction considérable et continuelle de la dépendance alimentaire, du problème de revenu, de la dégradation de l’environnement dans des villes d’Haïti et ses périphéries. D’un autre côté, sa proposition d’accompagnement permettra aux organisations ciblées d’être en appui à la population concernée pour l’initier et l’insérer dans la pratique de l’agriculture urbaine, comme activité économique produisant des biens de consommation et génératrice de revenu, et l’introduire dans la gestion efficace des ressources naturelles ainsi que la lutte biologique contre les maladies des plantes.
Abram BELIZAIRE,
Responsable de Coordination du GIDD
509 38 19 50 20
lebrama@hotmail.com