Cet
article est un extrait du dossier sur le design symbiotique
paru dans la revue Azimuts 35. Il aborde la question du réemploi dans le domaine du design.
Depuis
deux cents ans l'industrie a cherché les moyens de produire des
objets en série à moindre coût. Dans les pays anciennement
industrialisés, la production d'objets standardisés a déjà
pratiquement saturé le marché des besoins dits "primaires".
L'accélération sans précédent de la productivité au début du
siècle a permis de démocratiser l'accès aux biens de consommation,
induisant dans le même temps une hausse considérable du volume de
déchets. Basé sur une très forte consommation d'énergie et de
matières premières, ce système trouve aujourd'hui ses limites dans
l'épuisement des ressources naturelles.
L'activité
industrielle est soumise à de nombreuses mutations. Elle tend vers
d'avantage de flexibilité dans l'innovation technique et dans
l'organisation des modes de production. Cette souplesse s'exprime
également à travers la conception du produit. Les designers pensent
désormais le produit sur une base standardisée potentiellement
modifiable selon les besoins du consommateur. C'est la série
différenciée. La voiture en est un bon exemple ; proposée avec une
gamme d'éléments optionnels qui rendent le produit modifiable au
gré de la demande. Les objets techniques tels que l'Iphone sont
également conçus pour être réappropriés par leur utilisateur
grâce à une multitude d'applications téléchargeables. Le design
se dirige vers un ensemble indivisible produit/service. Ceci pour
être au plus proche de la réalité fragmentée et complexe de la
vie, afin de prendre en compte la diversité socioculturelle des
usagers.
Cette
conception, appliquée au système productif, exige de penser la
production au sein d'un ensemble complexe qu'est la biosphère. Cela
ne peut se concevoir sans un changement radical des modes de
consommation et du cycle de vie de l'objet. (...)
Baptiste Menu