Haïti est l’un des pays qui souffre le plus des problèmes d’eau potable : alors que l'eau est abondante en Haïti, l'accès à l'eau potable est très limité. Beaucoup de gens vont chercher de l'eau aux mêmes sources que leurs grands-parents et arrière-grands-parents. Cependant, ces sources sont souvent souillées par des excréments ou contaminées par la pollution environnante. Avec un manque de latrines dans tout le pays, la contamination par les excréments est un problème majeur. La preuve de la dangerosité de la situation de l’eau en Haïti s’est révélée en 2010 lorsqu’une épidémie de choléra a débuté sur l’île. Deux semaines après le premier cas, le choléra était présent dans chacune des régions d’Haïti. Il y a eu plus de 10 000 décès signalés, avec plus de 800 000 cas au total dans ce pays de 10,5 millions de personnes. Haïti a fait de grands progrès dans la lutte contre le choléra depuis lors, en particulier dans le domaine de l'éducation en santé publique. Mais la maladie demeure, menaçant toujours le pays d’une nouvelle épidémie.
On estime que jusqu'à 70% de la population n'a pas d'accès direct à l'eau potable. Le climat politique est instable et le gouvernement haïtien, tout comme les organisations internationales luttent pour faire face à une corruption généralisée. Ceci rend la participation communautaire particulièrement difficile en Haïti. Des projets de développement ont été réalisés ou même pour certaines communautés, mais rarement de façon transparente et avec l’aval du gouvernement.
Dans le cas d'Haïti et de la section 6 des Objectifs de Développement Durable définis par les Nations Unies, le risque majeur est de passer complètement à côté de cet objectif crucial en raison du manque de collaboration entre l’Etat, la population locale et les institutions communautaires. Il est certainement possible d'atteindre l'objectif le plus important de tous concernant l’eau potable, définit par le paragraphe 1 de l’objectif 6, à savoir : « D’ici à 2030, assurer un accès universel et équitable à une eau potable sûre et abordable pour tous.» Cependant, il est nécessaire de ne pas se focaliser sur la « meilleure» solution pour atteindre cet objectif, telle que décrite dans les ODD, au profit d’une solution plus simple et la meilleure pour le contexte haïtien, c'est-à-dire une solution qui fonctionne autour des dures réalités d'Haïti.
Dans cette optique, au lieu de privilégier la collaboration communautaire, une collaboration qui attiserait les rivalités et la corruption à l’échelle des communautés, il semble plus efficace, selon les ONG opérant à l’échelle locale, d’élaborer des stratégies à l’échelle des ménages et des familles en leur proposant des solutions qu’ils peuvent directement mettre en place dans leur foyer. Des systèmes communautaires fonctionnels avec une surveillance adéquate assurée par des comités locaux, comme le suggèrent les ODD, sont la meilleure solution. Cependant, avec les nombreux défis auxquels Haïti est confronté, ce qui est nécessaire en ce moment est une solution intérimaire, une solution qui peut protéger la santé du peuple haïtien maintenant alors qu'Haïti est encore en train de surmonter tant d'autres problèmes. Cette solution provisoire peut être utilisée comme base et comme motivation pour parvenir à un meilleur accès à l'eau potable dans le futur, et peut aussi servir de tremplin pour l’émancipation des ménages les plus pauvres dans une société déjà tiraillée par les inégalités.
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