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La Mauritanie en quête d'une biodiversité en perdition : l'envoi de jeunes cultivateurs au Centre Agro-écolique de Kaydara au Sénagal


Ce 28 août 2019, l'Agence de Presse Sénégalaise confirme que 9 conseillers agricoles mauritaniens entrent en formation (et ce pour la deuxième année consécutive) au Centre Agro-écologique de Kaydara dans la région de Fatick au Sénégal. L'idée est alors de s'inspirer des prouesses agricoles rendues possibles par cette Ferme-Ecole afin de pouvoir en démultiplier l'expérience une fois de retour sur le sol mauritanien. Il faut en effet souligner la spécificité quasi extraordinaire de ce centre ayant su faire jaillir une multitude d'arbres et de plantes (la luxure allant même jusqu'à cultiver des plantes ornementales), d'un sol à l'origine quasi désertique. Un arbre, un seul, mal en point qui plus est. C'est en tout et pour tout la seule plante ayant su poindre le bout de ses feuilles lorsqu'en 2013, Gora Ndiaye, président de l'Association des Jardins d'Afrique et initiateur du projet, s'arma de patiente et s'attela à la tache : Fertiliser l'infertilisable.

 

"Ils disaient que j'étais fou. Mais moi, moi je savais que je n'étais pas fou".

(Gora Ndiaye - Directeur du Centre Agro-écologique de Kaydara)

 

            A regarder la ferme luxuriante qu'est aujourd'hui le centre Kaydara, s'est à se demander comment diable Gora Ndiaye a-t-il réussit son entreprise?  Dans une interview disponible sur Youtube, il est ainsi possible de comprendre en filigrane que le succès adviendra à celui qui travaille en accord avec la nature, sans artifices ni polluants néfastes, seulement par la simple connaissance du grand oeuvre agricole. Activer la vie microbienne et restaurer la fertilité ne devient donc qu'une question de patience lorsqu' outils et techniques sont maîtrisés. De cette façon, les premiers arbres plantés furent des cocotiers, ses racines en faisant l'outil idéal pour fixer le sol, ses longues palmes créant une vaste couverture ombragée capable de limiter l'évapotranspiration des sols. L'eau ainsi préservée, la terre se fit plus arable et la vie pu s'instiller d'avantage. A la suite de ce premier chapitre, des vétivers furent ensemencés. Cette plante touffue aux racines profondes, fît remonter les sels minéraux à la surface permettant alors au sol d' économiser son humidité. D'autres espèces furent apportées par la suite afin d'enrichir la terre en azote, chacune bâtissant les jalons conduisant au desideratum ultime : un sol fécond.

 

            C'est dans cette ferme où pesticides sont remplacés par un substrat de papaye, que la Mauritanie prit donc la décision d'envoyer certains de ses jeunes cultivateurs, afin de leur insuffler cette fibre écologique dont la pays a tant besoin. Le fait est que l'agriculture est le secteur ayant le moins contribué à la croissance globale du PIB ces cinq dernières années, comme en atteste une note consultative conjointe de la BM et du FMI. La démarche du gouvernement est en ce sens salutaire et s'oppose grandement aux positions politiques antérieures. Depuis juillet 2010 en effet, l'Etat Mauritanien accorda une large quantité de baux emphytéotiques à toute une multitude de firmes internationales. Cette décision ouvrit indéfectiblement la voie aux projets d'agrobusiness et investissements massifs, expropriant les petits producteurs terriens tout en détruisant un environnement déjà bien fragile. De nombreuses organisations de la société civiles (notamment réunies sous l'égide du Forum National des Droits Humains) étaient d'ailleurs montées au créneau, sollicitant la suspension immédiate de toute location ou cessation de terre.

 

            L'envoi de jeunes cultivateurs dans une institution aussi innovante qu'écologique semble attester d'une écoute attentive des revendications sociales en même temps que cela marque un pas décisif dans l'instauration d'un développement et d'une paix durable. L'ampleur des défis environnementaux auxquels fait face la Mauritanie est gigantesque : les émissions de CO2 par tête d'habitants sont deux fois supérieures à celles du Sénégal, l'érosion hydrique et éolienne des sols est alarmante, le taux de déforestation est devenu plus critique...Néanmoins si la prise de conscience des décideurs politiques se fit de façon tardive, il faut espérer que les divers efforts entrepris (soulignons tout de même le fait que le pays a ratifié ces dernières années la quasi totalité de toutes les conventions internationales relatives à la durabilité de l'environnement!) sauront atteindre des  objectifs de développement durable encore bien loin.

[MOGED]

Image : Habib houndekindo [CC BY-SA 4.0 (https://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0)]

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