En mars dernier, il s’est tenu concomitamment à Nairobi au Kenya l’assemblée générale des nations unies pour l’environnement et le One Planet Summit. Au cœur de ces deux évènements, la question de la réduction des plastiques à usage unique considérés comme menace à l’écosystème et comme causes de multiples décès suivant un rapport du WWF. A la suite des échanges, un accord multilatéral aurait été trouvé visant la réduction des plastiques à usages uniques d’ici à 2030.
Vu d’Afrique, la lutte pour la réduction des plastiques non bio dégradables à usage unique date au moins du début des années 2000. Le plus souvent sous forme de politique publique. Des expériences se sont ainsi multipliées notamment au Rwanda, en Afrique du sud, au Botswana, au Zimbabwe, au Cameroun, au Burkina Faso, au Maroc, etc.
Dans la plupart des cas, l’action de l’autorité publique a visé la réglementation de la densité des plastiques (pour promouvoir par la production et la distribution des plastiques de forte densité la réutilisation et le recyclage) et quelques rares fois l’interdiction totale comme dans le cas Rwandais.
Les expériences d’implémentation de ces mesures ont dans plusieurs pays mis en exergue différentes formes de résistance de la part des acteurs producteurs, importateurs, distributeurs et utilisateurs des emballages plastiques. Une résistance se déclinant en termes de contestation, de revendication et de déviance. Il s’agit concrètement de recours institutionnels, de marches, de sorties médiatiques, ou encore du développement de réseaux souterrains de contrebande. Ces réseaux favorisent la circulation de plastiques non règlementaires et participent à alimenter la forte présence des plastiques à usage unique dans les différents Etats.
Ces différentes formes de résistance sont l’expression d’un désaccord entre les autorités publiques et les acteurs impliqués dans la circulation du plastique. En outre, ces résistances sont aussi un mode de réfutation de la logique de l’Etat autoritaire qui cherche à imposer des mesures, sans débat, en mobilisant la puissance publique par l’inspection, la traque, la saisie et le droit qui prévoit des peines allant des amendes aux incarcérations. Ce que les Etats cherchent à imposer c’est l’idée de protection de l’environnement par l’action contre le plastique considéré pour la nature et les humains comme dangereux.
Pourtant, le plastique avant d’être un déchet est un bien économique, et donc produit de la valeur en termes non seulement de profits financiers mais aussi d’emplois dans des contextes de précarités socioéconomiques. Ainsi, agir contre le plastique, c’est ouvrir la porte de la confrontation entre la protection de l’environnement et la préservation des acquis socioéconomiques.
Dans ces conditions, si l’on veut agir efficacement contre la pollution plastique en Afrique, il faut pouvoir décider autrement, c'est-à-dire, sortir de la logique autoritaire de l’imposition sous contrainte, pour entrer dans une logique de concertation et de délibération. L’enjeu d’une telle démarche est de créer les conditions d’inclusion et de participation de tous les acteurs stratégiques, dont les actions sont susceptibles d’avoir une incidence sur la dynamique de réduction des plastiques à usage unique. Peu importe d’ailleurs que ces acteurs soient du secteur formel ou informel. Le but est de pouvoir construire des actions basées sur des décisions consensuelles. Et à cet effet, l’usage des débats publics pourrait être d’une certaine utilité.
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