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Limiter le réchauffement de la planète à 1,5 °C requiert des changements radicaux


En octobre 2018, les gouvernements ont approuvé à Incheon, en Corée du Sud, le rapport sur les conséquences d’un réchauffement planétaire de 1,5 °Celsius produit par le groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC).

Pour limiter le réchauffement planétaire à 1,5 ºC, il faudrait « modifier rapidement, radicalement et de manière inédite tous les aspects de la société », a déclaré le GIEC dans un communiqué publié le 15 octobre dernier.

Outre les avantages évidents pour les populations et les écosystèmes naturels, le fait de limiter le réchauffement à 1,5 °C et non à 2 °C permettrait également de faire en sorte que la société soit plus durable et plus équitable, a précisé le GIEC.

Le GIEC est le principal organisme international chargé d’évaluer les activités scientifiques consacrées aux changements climatiques, les conséquences de ces changements, les risques potentiels qui y sont liés, ainsi que les mesures susceptibles d’être prises pour y faire face.

Le rapport du GIEC met en exergue un certain nombre de conséquences des changements climatiques qui pourraient être évitées si le réchauffement était limité à 1,5 ºC, et non à 2 ºC ou plus.

Avec un réchauffement limité à 1,5 ºC, le niveau de la mer à l’échelle de la planète d’ici à 2100, serait, inférieur de 10 cm à celui qui risquerait d’être enregistré s'il était limité à 2 °C. La probabilité que l’océan arctique soit libre de glace en été serait d’une fois par siècle si le réchauffement est limité à 1,5 °C, mais d’au moins une fois tous les dix ans s’il est limité à 2 °C. Avec un réchauffement de 1,5 °C, 70 à 90 % des récifs coralliens disparaîtraient, alors qu’avec un réchauffement de 2 °C, la quasi-totalité (> 99 %) serait anéantie.

« Toute augmentation supplémentaire de la température, aussi minime soit-elle, a son importance, d’autant plus qu’un réchauffement de 1,5 ºC ou plus augmentera le risque associé à des changements pérennes ou irréversibles, tels que la disparition de certains écosystèmes », a déclaré Hans-Otto Pörtner, coprésident du Groupe de travail II du GIEC. « En outre, le fait de limiter le réchauffement planétaire donnerait la possibilité aux populations et aux écosystèmes de s’adapter et de rester en-dessous des seuils de risque pertinents », a-t-il ajouté. 

Réduire les émission de gaz à effet de serre de 45% par rapport au niveau de 2010, d’ici à 2030

Les auteurs du rapport ont également étudié les solutions susceptibles d’être mises en œuvre pour limiter le réchauffement à 1,5 ºC, les modalités de leur mise en œuvre et leurs conséquences éventuelles.

« Si l’on regarde le bon côté des choses, certains des types de mesures qui seraient nécessaires pour limiter le réchauffement à 1,5 °C sont déjà mis en œuvre dans le monde, mais il faudrait néanmoins accélérer le rythme », a précisé Valérie Masson-Delmotte, coprésidente du Groupe de travail I.

Selon le rapport du GIEC, limiter le réchauffement planétaire à 1,5 °C nécessiterait des transitions « rapides et de grande envergure » dans les domaines de l’aménagement du territoire, de l’énergie, de l’industrie, du bâtiment, du transport et de l’urbanisme.

Les émissions mondiales nettes de dioxyde de carbone (CO2) d’origine anthropique devraient être réduites d’environ 45 % par rapport aux niveaux de 2010 d’ici à 2030, et il faudrait atteindre un « bilan nul » des émissions aux alentours de 2050, ce qui signifie que les émissions restantes devraient être compensées en éliminant du CO2 de l’atmosphère.

« Du point de vue des lois de la physique et de la chimie, la limitation du réchauffement planétaire à 1,5 ºC est possible, mais il faudrait, pour la réaliser, des changements sans précédent », a précisé Jim Skea, coprésident du Groupe de travail III du GIEC.

Comme l’indique Priyardarshi Shukla, coprésident du Groupe de travail III, « la limitation du réchauffement planétaire à 1,5 °C et non à 2 °C minimiserait les effets, lourds de conséquence, sur les écosystèmes, la santé et le bien-être des populations, et il serait ainsi plus facile d’atteindre les Objectifs de développement durable (ODD) définis par les Nations Unies ».

Le rapport, dont l’élaboration avait été demandée par les Parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC) lors de l’adoption de l’Accord de Paris en 2015, est le fruit de la collaboration de 91 auteurs et éditeurs-réviseurs issus de 40 pays.

Élément scientifique clé, le rapport du GIEC a été au cœur de la Conférence sur les changements climatiques (COP 24) qui s'est tenue à Katowice, en Pologne, en décembre 2018 et lors de laquelle les gouvernements ont fait le point sur l’Accord de Paris sur les changements climatiques conclu en 2015.

« Selon le nouveau rapport du GIEC, il n'est pas impossible de limiter le réchauffement climatique à 1,5 ºC », a déclaré le Secrétaire général des Nations Unies, António Guterres, sur Twitter après la publication du rapport. « Mais il faudra une action pour le climat urgente, sans précédent et collective dans tous les domaines. Il n'y a pas de temps à perdre ».

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