L’Organisation internationale du Travail (OIT) lance un nouveau projet aux Philippines sur Les chaînes d’approvisionnement responsables en Asie . Le projet de trois ans est financé par l’Union européenne (UE) dans le cadre de l’Instrument de partenariat , et mis en œuvre conjointement avec l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE). Le nouveau projet de 9 millions d’euros s’étendra à six pays d’Asie – Chine, Japon, Myanmar, Philippines, Thaïlande et Vietnam.
C’est la première fois que l’UE, l’OIT et l’OCDE s’allient pour promouvoir des pratiques socialement responsables et des chaînes d’approvisionnement mondiales durables à grande échelle. L’accent sera mis sur la sensibilisation et le renforcement des capacités des entreprises et des pouvoirs publics en matière de responsabilité sociale des entreprises (RSE) et de conduite responsable des entreprises (CRE).
Le projet contribuera à faire progresser la croissance durable et partagée en encourageant les entreprises à adopter des politiques et des pratiques relatives aux droits de l’homme et aux droits au travail, ainsi qu'aux normes de protection de l’environnement respectueuses du travail décent et des normes internationales du travail. Il s’agit notamment de la Déclaration de principes tripartites sur les entreprises multinationales et la politique sociale (Déclaration sur les EMN) , des Principes directeurs relatifs aux entreprises et aux droits de l’homme des Nations Unies et des Principes directeurs de l’OCDE à l’intention des entreprises multinationales.
Les principes énoncés par la Déclaration sur les EMN donnent des orientations pour renforcer les effets positifs sur le plan social et du travail des activités et de la gouvernance des entreprises multinationales afin de concrétiser le travail décent pour tous.
«Les échanges commerciaux et les investissements internationaux vont permettre de créer des emplois mais le respect des normes du travail, des droits de l’homme et des directives environnementales est primordial. Tout au long de la chaîne d’approvisionnement, les entreprises achètent des matières premières et des matériaux sans savoir qu’ils ont été produits dans des conditions de travail injustes et dangereuses», rappelle Khalid Hassan, Directeur du Bureau de pays de l’OIT pour les Philippines.
L’UE est le quatrième plus gros partenaire commercial des Philippines et de nouveaux marchés d’exportation pour les produits agricoles s’ouvrent dans les pays européens. La valeur des exportations agroalimentaires des Philippines représentent approximativement 14 pour cent du total des exportations vers l’UE et contribuent à la subsistance de plusieurs millions de Philippins. La responsabilisation accrue des entreprises du secteur agricole pourrait avoir un impact majeur sur la vie et le bien-être de nombreux travailleurs philippins et de communautés rurales entières.
Il reste des défis à relever pour traiter des conditions de travail, garantir des salaires et de prestations équitables, étendre la protection sociale, promouvoir la sécurité et la santé au travail, respecter la liberté syndicale et la négociation collective et garantir l’immunité. Des cas de travail forcé et de travail des enfants existent aussi dans l’agriculture. Sur les 2,1 millions d’enfants philippins victimes du travail des enfants, plus de la moitié, ou 58 pour cent, se trouve dans l’agriculture.
Des interventions axées sur ce secteur seront mises en place dans le cadre du projet, qui rassemblera les approches de RSE/CRE les plus efficaces et les diffusera parmi les principaux acteurs concernés en Europe et en Asie, y compris grâce à des activités de formation et de promotion des politiques appropriées.
Ce nouveau projet régional s’inscrit dans le cadre de l’engagement durable de l’UE pour la promotion des droits de l’homme, du travail décent et du développement durable aux Philippines. L’Ambassadeur de l’UE, Franz Jessen, a souligné que dans le cadre de la politique commerciale et d’investissement de l’UE basée sur des valeurs, il convenait de répondre aux préoccupations des consommateurs en renforçant les initiatives de responsabilité sociale des entreprises et de diligence raisonnable tout au long de la chaîne de production, en insistant sur le respect des droits de l’homme et des dimensions sociale – y compris les droits au travail – et environnementale des chaînes d’approvisionnement. De plus, il est nécessaire de garantir une gestion responsable des chaînes d’approvisionnement et l’UE a entrepris des démarches auprès de partenaires spécifiques sur des sujets précis. Ce projet, mis en œuvre avec l’OIT et l’OCDE, va aider les entreprises à prendre conscience de leurs responsabilités et à créer des environnements politiques qui favorisent la conduite responsable et le dialogue.
Dans un premier temps, le projet va mener une recherche centrée sur le secteur des produits agroalimentaires aux Philippines afin de constituer une base de connaissances complète et fiable qui sera mise au service d’actions communes et de dialogues fondés sur des données factuelles. Les exportations philippines vers l’UE ont atteint une valeur totale de 7,6 milliards d’euros en 2017, dont 2 milliards d’euros sont des exportations relevant du régime SPG et près de la moitié de ces exportations SPG concernent des produits agroalimentaires d’une valeur de 930 millions d’euros.
La présentation du nouveau projet, organisée le 20 novembre à Manille, comprenait une table ronde sur l’évolution, les expériences et les enjeux de la responsabilité sociale des entreprises et de la conduite responsable des entreprises. Les intervenants et acteurs majeurs du secteur des affaires ont fait part de leurs réflexions et de leurs recommandations en faveur d’un environnement propice à la RSE aux Philippines.
Communiqué de l'OIT (1010 hits)