À l’occasion d’Aqua2018, congrès mondial d’aquaculture qui se tiendra pour la première fois du 25 au 29 août à Montpellier, le Cirad apporte son soutien à la FAO dans l’organisation d’une session spéciale sur l’agro-écologie appliquée à l’aquaculture le samedi 25 août. Une centaine de participants sont attendus sur les 2500 personnes du congrès qui rassemblera 60 nationalités.
L’aquaculture est le secteur des productions animales qui s’est développé le plus rapidement ces dernières décennies, et aujourd’hui, plus d’un poisson sur deux destinés à la consommation humaine en est issu. En volume, on élève désormais plus de poissons d’élevage que de bovins, et cette tendance ne devrait pas s’inverser dans les prochaines années en raison de la croissance démographique mais aussi des bénéfices nutritionnels de ces produits. L’accroissement rapide de la production a cependant parfois eu des impacts environnementaux et sociaux négatifs, que les filières aquacoles cherchent aujourd’hui à réduire.
L’agro-écologie est une approche basée sur l’utilisation des principes et concepts de l’écologie , dans le but d’optimiser les interactions entre les plantes, animaux, humains et l’environnement, tout en prenant en compte les services écosystémiques et les aspects sociaux indispensables à la durabilité et à l’équité des systèmes alimentaires.
Pour la FAO, dix indicateurs permettent de caractériser l’agro-écologie : la diversité des espèces et la biodiversité, la co-création et le partage de connaissance entre acteurs, la valorisation des synergies entre les différentes activités du système de production et avec l’environnement, l’efficience de l’utilisation des ressources et leur recyclage, la résilience des communautés et des écosystèmes (notamment face aux changements climatiques), les valeurs sociales et humaines, les traditions culturelles et culinaires, la bonne gouvernance et une économie circulaire et solidaire.
Inventer une nouvelle aquaculture résiliente et durable
Comme dans d’autres domaines de l’agriculture, l’agro-écologie est l’une des voies les plus prometteuses pour inventer une nouvelle aquaculture résiliente et durable mais aussi pour aider le secteur à s’adapter au changement climatique. C’est pour cela que, comme le rappelle Matthias Halwart, Directeur de l’Aquaculture à la FAO, « l’agro-écologie et les approches intersectorielles comme l’aquaculture intégrée à l’agriculture sont une priorité à la fois pour la FAO et le Cirad, et font à ce titre partie de l’accord de partenariat qui unit nos deux institutions » .
En effet, si « l’aquaculture traditionnelle, telle qu’elle est pratiquée depuis des millénaires en Asie, a toujours été parfaitement intégrée dans son environnement naturel, agricole et humain, de nouvelles approches émergent actuellement » , précise Lionel Dabbadie, chercheur au Cirad. C’est par exemple le cas de l’aquaponie (combinaison de l’aquaculture et de l’hydroponie), de l’aquaculture multi-trophique intégrée (combinaison d’élevages polluants avec des élevages et cultures dépolluants comme les mollusques filtreurs ou les macro-algues), des élevages d’insectes pour nourrir les poissons ou de l’utilisation de lompes Cyclopterus lumpus pour lutter contre les poux des saumons.
La rizi-pisciculture, un exemple d’approche agro-écologique
« La rizi-pisciculture malgache et la pisci-riziculture guinéenne, sont deux exemples d’approches agro-écologiques sur lesquelles travaille le Cirad et qui seront présentées au cours de l’atelier du 25 août », ajoute Lionel Dabbadie. La rizipisciculture consiste à élever des poissons dans des casiers de riz. « En fouillant la vase du fond, les poissons favorisent la remise en suspension des sels nutritifs dont le riz a besoin pour sa croissance. De son côté, le poisson se nourrit en consommant les organismes du périphyton qui se développent sur les tiges des plantes » . Dans ce système intégré agro-écologique, « on ne produit donc pas seulement deux aliments dans un même espace mais on en produit aussi plus que si chacun était cultivé séparément » .
Les objectifs de cette journée consacrée à l'agro-écologie sont triples :
Le Cirad à Aqua2018
Organisé tous les 6 ans par l'European Aquaculture Society (EAS) et la World Aquaculture Society (WAS), Aqua2018 attend à Montpellier du 25 au 29 août 2500 participants de plus de 60 pays. « L’aquaculture est l'une des industries alimentaires les plus importantes au monde. Son enjeu est de produire le plus efficacement possible des produits aquatiques de haute qualité dans le respect de l'environnement, en contribuant à la santé et à la richesse mondiale », précisent les organisateurs d’Aqua2018. Les quatre organismes impliqués dans la recherche aquacole en France (Ifremer, Inra, Cirad et IRD) se sont investis dans la réussite de ce congrès exceptionnel et participeront activement à travers des communications de chercheurs lors du congrès mais également des événements, comme l’atelier du Cirad et de la FAO sur l’agro-écologie (voir plus haut).
Le Cirad, qui collabore avec l’Ifremer, l’IRD et l’Université de Montpellier au développement d’une aquaculture respectueuse de l’environnement, participera ainsi, sur la thématique du tilapia, deuxième poisson le plus consommé dans le monde, au Farm tour, organisé par l’Ifremer le samedi 25 août à la station de Palavas (consultez le dossier de presse de la visite).
Ses chercheurs présenteront aussi sept communications orales durant le congrès qui se tiendra au Corum et présideront quatre sessions :
Publication initiale sur le site du CIRAD
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