Il est indispensable de doubler les investissements dans l’économie des soins à la personne pour éviter une crise mondiale imminente dans ce secteur, selon un nouveau rapport de l’OIT.
Des changements de politiques radicaux doivent permettre de faire face aux besoins croissants en matière de soins et de s’attaquer aux énormes disparités entre hommes et femmes en matière de responsabilités familiales. Les chiffres montrent que les femmes s’acquittent de plus des trois quarts des activités de soins non rémunérées.
Environ 269 millions de nouveaux emplois pourraient être créés si l’on doublait les investissements dans l’éducation, la santé et le travail social d’ici à 2030, indique le rapport.
Selon le rapport Care work and care jobs for the future of decent work (Prendre soin d’autrui: un travail et des emplois pour l’avenir du travail décent ), 2,1 milliards de personnes avaient besoin de soins en 2015, dont 1,9 milliard d’enfants de moins de 15 ans et 200 millions de personnes âgées. D’ici à 2030, le chiffre devrait atteindre 2,3 milliards, avec 200 millions de personnes âgées et d’enfants supplémentaires.
«La prédominance des familles nucléaires et des familles monoparentales à l’échelle mondiale et l’essor du travail des femmes dans certains pays accroissent la demande de main-d’œuvre dans le secteur des soins à la personne. Si les déficits actuels de prestations de soin, en termes de volume et de qualité, ne sont pas comblés de manière satisfaisante, ils vont provoquer une crise grave et intenable des soins à l’échelle mondiale et une nouvelle aggravation des inégalités entre hommes et femmes dans le monde du travail», affirme Laura Addati, auteure principale du rapport.
Des données en provenance de 64 pays représentant deux tiers de la population mondiale en âge de travailler montrent que 16,4 milliards d’heures par jour sont consacrées aux activités de soins non rémunérées – l’équivalent de 2 milliards de personnes travaillant huit heures par jour sans rémunération. Si ces services étaient valorisés sur la base du salaire horaire minimum, ils représenteraient 9 pour cent du PIB mondial, soit 11 000 milliards de dollars (à parité de pouvoir d’achat en 2011).
Les femmes assument l’essentiel des activités de soins non rémunérées
Selon le rapport, les femmes prennent en charge 76,2 pour cent du total des heures consacrées aux activités de soins non rémunérées, trois fois plus que les hommes.
Dans certains pays, la contribution des hommes au travail de soin non rémunéré a progressé au cours des vingt dernières années. Cependant, dans les 23 pays qui fournissent des données allant dans ce sens, l’écart entre hommes et femmes quant au temps consacré aux responsabilités familiales non rémunérées a diminué d’à peine 7 minutes par jour en deux décennies.
«A ce rythme, cela prendra 210 ans pour combler l’écart entre hommes et femmes dans ces pays. Le rythme extrêmement lent de ces changements interroge sur l’efficacité des politiques, passées et présentes, pour répondre à l’ampleur et à la division des activités de soins non rémunérées au cours des vingt dernières années», déclare Shauna Olney, Cheffe du Service Genre, égalité et diversité et de l’OIT-SIDA de l’OIT.
Le rapport indique que les activités de soins non rémunérées sont le principal obstacle à l’accès et au maintien des femmes sur le marché du travail et à leur progression professionnelle. En 2018, 606 millions de femmes en âge de travailler déclarent qu’elles ne peuvent pas le faire en raison de leurs activités familiales et ménagères non rémunérées. Seuls 41 millions d’hommes déclarent qu’ils ne travaillent pas pour des raisons similaires.
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