Les pays devront dépenser 150 milliards de dollars par an pour atteindre d’ici 2030 l’objectif de développement durable (ODD) relatif à l’accès à des services d’eau et d’assainissement durables. C’est quatre fois plus qu’ils n’investissent actuellement dans l’approvisionnement en eau, l’assainissement et l’hygiène et ce chiffre, irréalisable pour la plupart, risque de compromettre les efforts d’éradication de la pauvreté.
Selon le rapport de la Banque mondiale dont le lancement a lieu aujourd’hui dans le cadre de la Semaine mondiale de l’eau et qui s’intitule Reducing Inequalities in Water Supply, Sanitation, and Hygiene in the Era of the Sustainable Development Goals, les pays doivent radicalement changer leur façon de gérer les ressources et de fournir les services de base. Pour commencer, ils doivent mieux cibler les bénéficiaires pour être sûrs d’atteindre les populations qui ont le plus besoin de ces services et rationaliser l’utilisation des ressources afin d’assurer la pérennité et l’efficacité des services publics.
Le rapport relève en outre la nécessité d’une coordination des interventions dans les domaines de l’eau, de la santé et de la nutrition pour avancer sensiblement dans la lutte contre le retard de croissance et la mortalité chez les jeunes enfants. L’amélioration des services d’eau et d’assainissement a certes un effet positif sur le bien-être des enfants, mais l’associer aux interventions visant la santé et la nutrition aura des effets bien plus importants sur leur avenir.
« Des millions d’individus se trouvent aujourd’hui inexorablement pris dans le piège de la pauvreté à cause de l’inefficacité des services d’eau et d’assainissement qui est un facteur du retard de croissance et d’affections débilitantes comme la diarrhée. Il faut davantage de ressources ciblant les zones à forte vulnérabilité et à faible accessibilité pour combler les déficits et améliorer ces services, ce qui donnera à tous des chances égales de réaliser pleinement leur potentiel. Ce rapport est une feuille de route pour y parvenir » a déclaré Guangzhe Chen, directeur principal du pôle mondial d’expertise en eau de la Banque mondiale.
L’étude qui couvre 18 pays à travers le monde analyse de façon exhaustive les indicateurs de l’eau et de l’assainissement, en mettant pour la première fois en lumière des régions précises à l’intérieur des pays, dans lesquelles les services d’eau, d’assainissement et d’hygiène sont insuffisants. Elle souligne les écarts importants en la matière entre les zones urbaines et rurales, les zones pauvres et les autres.
L’étude relève particulièrement les disparités très marquées entre les zones urbaines et rurales. Dans l’ensemble des 18 pays, 75 % des personnes n’ayant pas accès à des services d’assainissement améliorés vivent en milieu rural et seuls 20 % de ces populations rurales ont accès à des sources d’eau améliorées. Le rapport est un cadre de référence et d’orientation qui se propose d’aider les responsables des politiques à mieux cibler leurs investissements pour rapprocher les services de base des populations et ménages les plus pauvres.
Pendant deux années, les équipes de recherche ont rassemblé des données sur l’accès aux services d’eau, d’assainissement et d’hygiène et sur la qualité de ces services, notamment dans les pays suivants :
« Les services d’eau et d’assainissement doivent être considérablement améliorés pour éviter des conséquences désastreuses sur la santé et le bien-être. La diarrhée est aujourd’hui la deuxième cause de mortalité des enfants âgés de moins de cinq ans. Les enfants pauvres souffrent également de maladies intestinales qui, avec la sous-alimentation et les infections, sont responsables du retard de croissance. Nous mettons l’avenir de nos enfants en péril en leur refusant l’ accès dans des conditions d’égalité aux services dont ils ont besoin pour réaliser leur potentiel », a observé Rachid Benmessaoud, directeur des opérations de la Banque mondiale pour le Nigéria.
Le rapport note que si dans de nombreux pays les services n’atteignent pas les populations pauvres, c’est moins en raison de la qualité des politiques publiques que de la médiocrité de leur mise en œuvre – et ce sont nos enfants qui en paient le prix. Il jette un regard neuf sur les causes complexes de l’inefficacité des services et explique comment les améliorations enregistrées doivent être répercutées dans le cadre stratégique et de gouvernance global dans lequel évoluent les prestataires de services.
Le rapport apparaît au moment où les décideurs et les praticiens se retrouvent à Stockholm pour la Semaine mondiale de l’eau dont les activités se dérouleront du 27 août au 1er septembre 2017. La présente étude fait partie d’une initiative en cours de la Banque mondiale appelée WASH Poverty Diagnostics, qui vise à produire 18 rapports dans des pays bénéficiaires.
Communiqué de la Banque Mondiale
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