Certains récifs se restaurent
Les récifs coralliens sont-ils condamnés à disparaître ? C’est ce que laissaient craindre dans les années 2000 l’intensification des cyclones, le phénomène de blanchissement des coraux dû au réchauffement des eaux, les pullulations d’une étoile de mer mangeuse de corail et les maladies coralliennes. Mais les scientifiques révisent aujourd’hui leurs prévisions pessimistes de la précédente décennie. Des travaux de recherche récents révèlent en effet que, si de nombreuses espèces coralliennes déclinent bel et bien depuis plus de 30 ans, d’autres se maintiennent ou voient même leur abondance augmenter. Certains récifs sont ainsi récemment parvenus à se restaurer.
IRD / Serge AndréfouëtLes coraux du genre Porites vont peupler les récifs de la planète.
Des genres de coraux en extension
Au cours d’une vaste étude internationale, des chercheurs de l’IRD et leurs partenaires ont observé depuis une quinzaine d’années l’évolution de l’écologie de sept récifs coralliens à travers le monde : deux dans les Caraïbes, à Belize et dans les îles Vierges américaines, et cinq répartis dans l’océan Indo-Pacifique, au Kenya, à Taïwan, à Hawaii, à Moorea et la Grande Barrière de corail en Australie. Les scientifiques ont ainsi mis en évidence l’extension de certains genres, comme les coraux massifs du nom de Porites, véritables bâtisseurs des récifs, qui résistent bien à la hausse des températures.
Ils ont également mis en perspective ces récents changements au regard des événements passés enregistrés dans les récifs fossiles, révélant que l’abondance et la structure des populations coralliennes avaient déjà fortement varié au cours des millénaires passés.
Vers de nouveaux paysages sous-marins
Ces nouvelles données leur ont permis d’affiner leurs modèles mathématiques et de revoir leurs projections pour les décennies à venir. Au fur et à mesure que la température des eaux va continuer d’augmenter, un sous-ensemble d’espèces « gagnantes » tirera son épingle du jeu : celles qui possèdent la plus grande tolérance thermique, les meilleurs taux de croissance des populations ou la plus grande longévité. Ces espèces devraient progressivement peupler les récifs de la planète, jusqu’à les dominer entièrement.
Les paysages sous-marins du futur seront donc très différents de ceux que l’on a connus depuis des millénaires. Il reste cependant beaucoup à découvrir sur cette nouvelle faune corallienne et ses fonctionnalités. Une question demeure en particulier : ces nouveaux écosystèmes continueront-ils à répondre aux besoins des populations qui en dépendent ?
Partenaires
Institut de Recherche pour le Développement, Labex CORAIL - CRIOBE à Moorea, universités d'État de Californie, de Californie à Davis et à Santa Barbara, de Pennsylvanie, d’Iowa, de Caroline du Nord de Miami, de Floride et des Iles Vierges aux Etats-Unis et d’Australie de l’Ouest, Hawaii Institute of Marine Biology, National Center for Ecological Analysis and Synthesis, Florida Institute of Technology et Wildlife Conservation Society aux Etats-Unis, National Museum of Marine Biology and Aquarium à Taiwan, Australian Institute of Marine Science et The Cawthron Institute en Nouvelle-Zélande.
Références
Edmunds P. J., Adjeroud Mehdi, Baskett M. L., Baums I. B., Budd A. F., Carpenter R. C., Fabina N. S., Fan T. Y., Franklin E. C., Gross K., Han X. Y., Jacobson L., Klaus J. S., McClanahan T. R., O'Leary J. K., van Oppen M. J. H., Pochon X., Putnam H. M., Smith T. B., Stat M., Sweatman H., van Woesik R., Gates R. D. Persistence and change in community composition of reef corals through present, past, and future climates. Plos One, 2014, 9 (10), p. e107525. ISSN 1932-6203
Contacts
Mehdi Adjeroud, chercheur à l'IRD
T. : 06 95 54 04 95
UMR Écologie marine tropicale des océans Pacifique et Indien - ENTROPIE (IRD / CNRS / université de la Réunion)
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