La mentalité camerounaise est partagée entre le mysticisme et la rationalité. Et ce, même chez ceux qui devraient le plus incarner la rationalité. Dans ce pays, il n’est pas surprenant de voir quelqu’un, interné dans un lit d'hôpital faire appel à des fétiches qu’il met sous son lit et qu’il consomme dès lors que le médecin traitant se retire. Le philosophe camerounais Ebénézer Njoh-Mouelle en fait une bonne analyse dans son œuvre intitulée De la médiocrité à l’excellence où il dénonce particulièrement cette duplicité.
En ces temps où l’élection présidentielle est passée, couronnée par la prestation de serment par le Président élu le 6 novembre dernier, beaucoup de gouvernants se demandent s’ils seront à nouveau dans le gouvernement tandis que ceux qui souhaitent en faire partie travaillent dans ce sens. C’est ainsi que certains rendent régulièrement visite aux marabouts, parcourant des centaines de kilomètres, tandis que d’autres les ont purement et simplement installé dans leurs propres domiciles. La raison est toute est trouvée : il s’agit de faire des pratiques occultes pour rester dans le gouvernement ou y accéder. A regarder la situation sociale de leurs marabouts, aucun homme normal ne pourrait croire à leur puissance ou à leur capacité d’influencer une décision sérieuse.
Dans le même ordre d’idée, le Cameroun dans la réalisation de ses projets structurants a eu à signer une convention de financement de la construction d’un barrage sur le fleuve Nachtigal avec la France le 8 novembre dernier. La veille, un baobab tombait tout seul au lieu où le barrage doit être construit, soit à plus de 7000 kilomètres du lieu de la signature de la convention. Interviewé par Serge Atangana Bisso, grand reporter à la Cameroon Radio and Television (CRTV), le chef supérieur de Batchenga, circonscription dont dépend le fleuve Nachtigal affirme que si ce baobab ne tombait pas par lui-même, il allait y avoir des difficultés à le terrasser avec des engins. Cette chute signifie que les ancêtres ont donné leur onction.
La mentalité camerounaise est ainsi écartelée entre le mythe et la raison. Vivement que la raison retrouve toute sa valeur pour que le pays s’avance avec assurance vers la modernité et l'émergence.