Les chercheurs de l’Inra montrent aujourd’hui que l’exposition chronique et indirecte à une dose très faible d’un pesticide néonicotinoïde, ainsi que l'infection par un parasite commun des abeilles, affecte très fortement la survie des reines en conditions naturelles et modifie leur physiologie. L’interaction entre l’imidaclopride et Nosema cerana est encore plus néfaste sur les reines que chaque stress pris séparément.
Dans la nature, les colonies d'abeilles domestiques (Apis mellifera) sont constamment exposées à des facteurs de pression multiples, entre autres insecticides et agents pathogènes, dont l'action conjointe est suspectée être en partie à la base du déclin des colonies.
Face à la mortalité accrue des abeilles ouvrières, la fertilité de la reine est essentielle pour le renouvellement de la population et la survie de la colonie. Or, les apiculteurs constatent des mortalités anormales de reines depuis plusieurs années, au point que certains d’entre eux doivent changer systématiquement une partie importante de leur cheptel de reines afin d’éviter la perte de leurs colonies, alors qu’une reine peut normalement vivre de 4 à 5 ans.
Les insecticides de la famille des néonicotinoïdes sont au centre de la controverse à cause de leur toxicité élevée pour des organismes non-cible comme les pollinisateurs. Jusqu'à présent la majorité des recherches ont ciblé les effets nocifs des pesticides et autres facteurs sur les ouvrières. Les chercheurs de l’Inra ont étudié le comportement de reines, exposées à un pesticide néonicotinoïde de façon indirecte et/ou à l’agent pathogène Nosema cerana.
Ils ont ainsi élevé 4 groupes de 10 reines, et ont reconduit l’expérience pendant 2 années. En laboratoire, un groupe a été nourri par des ouvrières elles-mêmes exposées à un pesticide néonicotinoïde (imidaclopride), un deuxième a été exposé au parasite Nosema cerana, le troisième aux deux stress, le quatrième étant le groupe témoin. Ensuite, les jeunes reines ont été installées, comme le font les apiculteurs, dans de petites ruches placées dans des champs (voir photo), pour qu’elles puissent sortir s’accoupler et revenir pondre leurs œufs.
Ces résultats sont publiés le 31 août 2016 dans Scientific Reports.
Communiqué de l'INRA (681 hits)
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