« Les aspects lumineux » de la science, de la technologie et de l’innovation, véritables moteurs du développement durable, mais aussi ses « zones d’ombre », telles que les pertes d’emploi découlant de la robotisation et l’élargissement du fossé numérique entre les pays ont été simultanément évoqués, aujourd’hui, lors de la clôture du troisième Forum de collaboration multipartite sur ce thème.
Ce Forum, coprésidé par le Mexique et le Japon, s’est réuni pendant deux jours pour partager des expériences et envisager des solutions, dans l’idée, selon la Présidente de l’ECOSOC, de relier les progrès dans ces domaines à l’objectif de « ne laisser personne de côté », véritable leitmotiv du Programme de développement durable à l’horizon 2030.
Ce Forum s’inscrit dans le cadre du Mécanisme de facilitation des technologies, processus découlant dudit Programme 2030 et du Programme d’action d’Addis-Abeba. De nature plutôt technique, ce Forum a pris une tournure quelque peu philosophique lorsque le délégué du Japon, qui s’est exprimé dans l’une des quatre tables rondes de la journée, a agité le spectre d’une science sans conscience.
« N’oublions pas que la science, la technologie et l’innovation présentent des zones de lumière et des zones d’ombre », a-t-il dit. Si elles permettent par exemple de relever des défis liés à la pénurie d’énergie, aux catastrophes naturelles ou aux déchets plastiques, le fossé entre ceux qui possèdent les données et technologies et ceux qui ne les possèdent pas peut se révéler très problématique, a-t-il mis en garde.
Le délégué japonais a donc plaidé pour « une optimisation de leurs aspects lumineux » et souligné l’importance de structurer le savoir, d’équilibrer sa mise en commun et son individualisation, afin d’exploiter au mieux des ressources humaines limitées. D’autres, ont mis l’accent sur le déploiement des technologies sur le terrain: le Ghana s’emploie ainsi à revoir sa politique pour combler le fossé entre la conception et l’application.
De son côté, un expert yéménite a reconnu « la grande appréhension » qui règne dans ce domaine, en fustigeant les « scénarios catastrophistes » qui accusent la robotisation de tous les torts. De nombreux délégués, lors de ces deux jours, notamment celui du Bangladesh, qui s’exprimait au nom des pays les moins avancés, ont mis en garde contre les pertes d’emplois massives qu’une telle robotisation pourrait entraîner.
Mais les aspects positifs ont été largement évoqués, notamment par un expert de la Banque mondiale, qui a jugé urgent de comprendre que la science, la technologie et l’innovation sont « les nouveaux moteurs de la croissance économique » et que les populations doivent avoir accès au capital et à l’innovation. Un expert kényan a indiqué que ces secteurs jouent un rôle majeur pour aboutir à des villes « intelligentes » et plus résilientes.
Les incidences de la science, la technologie et l’innovation ne seront positives que si les pays sont bien préparés à ces nouveaux défis et potentialités, a résumé le Vice-Président mexicain du Forum, tandis que le Vice-Président japonais a rappelé que les décisions humaines sont cruciales pour tirer le meilleur profit dans ces domaines.
Signe de l’intérêt de ces questions, une experte belge, jugeant que la technologie est « parent pauvre » des débats sur le développement durable, a demandé la création d’une entité chargée des technologies, qui pourrait s’appeler « ONU-Technologies ». Le représentant de UN-Innovation network a semblé lui répondre en présentant le travail d’innovation conduit au sein de l’ONU, notamment en matière de drones et de données scientifiques. « Deux jours de Forum, ce n’est pas assez! » a conclu le délégué du Mexique.
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