Après deux années marquées par les confinements et les restrictions imposées par le Covid-19, l’appétit des Français pour l’évasion a rarement été aussi fort. Mais la pandémie a aussi révélé une autre envie : consommer autrement ses voyages et loisirs, de façon plus responsable et plus durable. Cette nouvelle tendance était déjà présente avant la crise sanitaire : selon un rapport de Booking.com, 70 % des voyageurs du monde entier déclaraient ainsi en 2019 qu’ils seraient plus enclins à réserver un hébergement en sachant qu’il est écologique et 55 % affirmaient être plus déterminés à faire des choix de voyage durables.
Le tourisme durable est aujourd’hui un secteur en forte croissance. D’après l’association ATR, il progresse en moyenne de 20 % par an en France. Pour orienter les consommateurs, il existe aujourd’hui des labels recommandés par l’Ademe, comme L’écolabel européen, La clef verte ou Green Globe. Tourisme responsable, équitable, solidaire, ou encore éthique, écotourisme, slow tourisme… Le tourisme durable emprunte différentes appellations selon l’aspect (social, culturel, naturel) le plus valorisé lors du voyage.
Préserver les ressources naturelles, culturelles et sociales
Selon la définition de l’Organisation mondiale du tourisme (OMT), c’est « un tourisme qui tient pleinement compte de ses impacts économiques, sociaux et environnementaux actuels et futurs, en répondant aux besoins des visiteurs, des professionnels, de l’environnement et des communautés d’accueil ». Il regroupe différentes formes de tourisme qui mettent en valeur, respectent et préservent les ressources patrimoniales – naturelles, culturelles et sociales – d’un territoire. Le défi est majeur : d’après une étude parue dans la revue Nature Climate Change, le secteur du tourisme représente 8 % des émissions de gaz à effet de serre dans le monde, et ce chiffre est en croissance constante, notamment à cause du bilan carbone des transports. Le développement de l’industrie touristique a aussi des répercussions majeures sur les ressources naturelles, la biodiversité, mais également les modes de consommation et les structures sociales.
Les trois grands principes du tourisme durable de l’OMT peuvent se résumer ainsi : exploiter de façon optimum les ressources de l’environnement, en préservant les processus écologiques essentiels, les ressources naturelles et la biodiversité ; respecter l’authenticité des communautés d’accueil et conserver leurs atouts culturels (bâtis et vivants) ; assurer une activité économique viable sur le long terme offrant à toutes les parties prenantes des avantages équitablement répartis, notamment des emplois stables et des services sociaux.
Les chaînes hôtelières s’engagent
Dans ce contexte, les chaînes hôtelières n’ont aujourd’hui d’autre choix que de s’impliquer dans ces démarches de développement durable. De nombreux établissements trient et réduisent leurs déchets, utilisent l’eau et l’énergie de manière raisonnée, proposent des mobilités douces, organisent des circuits courts alimentaires… Le groupe Accor a été un pionnier dans ce domaine, première entreprise hôtelière à se doter d’une direction Environnement en 1994, puis à créer une charte Environnement dès 1998. Le groupe oriente alors ses priorités autour du bien-être des populations (développement local, protection des enfants) et de la préservation des ressources (réduction des consommations d’eau et d’énergie, préservation de la biodiversité). Accor a ensuite lancé en 2011 son programme « Planet 21 », avec 21 engagements assortis d’objectifs chiffrés que tous les hôtels doivent atteindre.
En réponse, Marriott et Hilton ont tous deux lancé leurs propres projets de durabilité en 2018. Marriott est le leader en matière de transparence et s’est engagé à ce que chaque établissement dispose d’une section sur son site web présentant les mesures spécifiques de l’impact de l’hôtel. Hilton a été distingué en 2020 par S&P Global comme la chaîne d’hôtels « la plus durable au monde » selon l’indice international CSA, fondé des critères liés au bien-être social, à la performance économique et à la gestion de la durabilité.
En avril 2016, Accor a donné un nouvel élan à son engagement. Avec 5.300 hôtels dans le monde, accueillant chaque jour 600.000 hôtes, et plus de 230.000 collaborateurs, le groupe s’engage d’abord à être une entreprise inclusive et à garantir le bien-être de ses employés. Le groupe fait aussi le choix de porter une attention particulière à deux enjeux spécifiques : une alimentation saine et durable, bannissant le gaspillage alimentaire, et des bâtiments s’inscrivant dans une trajectoire de neutralité carbone. Il a également mis à disposition de ses hôtels un outil pour les aider à suivre leurs consommations d’eau, d’énergie et leur production de déchets.
Les nouveaux acteurs du « luxe durable »
Même les clients les plus aisés se montrent de plus en plus soucieux de l’impact de leurs voyages sur l’environnement. Et le « luxe durable » (ou conscious luxury) est aussi une tendance forte. Les codes du luxe sont d’ailleurs en pleine évolution et s’imbriquent dans les sphères de la mode, du design, de l’art ou les technologies. Certains des éléments plus traditionnels sont mis de côté au profit d’une approche plus détendue et plus inclusive, pour coller aux nouvelles attentes des millennials de la génération Y, qui favorisent les hébergements prônant des pratiques durables et privilégient des expériences uniques et personnalisées, ancrées dans la communauté locale.
Outre les grandes chaînes hôtelières, des opérateurs indépendants émergent en se positionnent sur ce concept, à l’image d’Almae Collection, une nouvelle chaîne d’hôtels fondée par Vincent Gombault, ancien cadre dirigeant de fonds d’investissement. Celui-ci a décidé de vivre désormais de sa passion pour les lieux d’exception. La nouvelle marque regroupe de petits hôtels raffinés et des résidences de luxe, aménagés avec goût, autour de l’art, du design, de la gastronomie et de l’esprit de communauté. Et avec le souci de valoriser et de préserver des lieux qui lui sont chers. Loin des pratiques du tourisme de masse, Vincent Gombault privilégie une certaine authenticité locale à taille humaine.
Tout en proposant des prestations très haut de gamme, Almae Collection se veut intimiste, conviviale et authentique, à l’instar de son premier domaine, celui de l’Armancette (17 chambres d’hôtel et trois chalets), niché dans le magnifique village alpin de Saint-Nicolas-de-Véroce (Dans lequel Vincent Gombault a passé son enfance) : vue époustouflante sur le Mont Blanc, calme ressourçant, village authentique, environnement rural. L’architecte Gilles Grandjacques, qui a imaginé ce domaine à l’esprit minimaliste, est originaire de Saint-Nicolas de Véroce. Il a donc travaillé à partir de matériaux haut-savoyards traditionnels (granit du Mont Blanc, tavaillon, lauze) pour intégrer les lieux à l’architecture locale.
Après le palais Garzoni, à Venise, qui surplombe le Grand Canal, la prochaine pépite d’Almae Collection verra le jour en 2023 à Cognac, sous les traits d’un majestueux manoir de la Belle époque, doté d’un jardin classé « remarquable », en bordure des eaux calmes de la Charente. Parmi les autres projets de Vincent Gombault, à la tête désormais d’un groupe d’hôtels, figurent également une collection de résidences avec des panoramas éblouissants sur la mer et la montagne à Ibiza, ou encore la magnifique Villa Emo, véritable écrin d’œuvres d’art, en Vénétie. Au sein du segment « luxe » comme pour l’ensemble des créneaux du tourisme, le sujet n’est plus tant les volumes de fréquentation qu’un goût renouvelé pour l’expérience du voyage, en tant que telle.