C’est au détour d’une campagne de sensibilisation sur l’autonomisation des exploitations familiales agricoles (EFA) que l’ONG Ingénieurs sans frontières a rencontré un groupe de 27 familles issues de cinq villages de forêt proches de Sackbayemé.
Par la suite, chaque famille paysanne a déterminé ses objectifs de développement à court et moyen terme, puis a conçu une EFA intégrée (agriculture - élevage - foresterie), dans laquelle les déchets induits par une unité de production deviennent matières premières pour une autre unité de production. Cette EFA comprend aussi la mise en place d’un élevage artisanal de vers de terre pour produire des engrais organiques et entretenir la fertilité des sols, ainsi qu’un jardin de case familial adapté aux besoins nutritionnels de la famille. Des pépinières de cultures maraichères, des unités artisanales de production de poules locales et de lapins peuvent aussi compléter l’EFA.
Auparavant, les agriculteurs avaient tendance à ne planter que le manioc, le macabo et l’igname, au détriment d’une large diversité de cultures.
« J’ai fait un jardin de case » témoigne Marie Thérèse Ngo Hiack, agricultrice à Sackbayemé. « J’ai eu à planter le gombo, la pastèque et le concombre dont la récolte a été bonne, j’ai fabriqué le vermi composteur qui a permis de faire de l’engrais liquide. Par contre, la carence d’eau a freiné le développement du maïs. »
« Cela a amélioré la nutrition dans ma famille car je suis maintenant capable d’aller à côté et cueillir le gombo sans aller au marché » ajoute Salomon Mahi, enseignant et agriculteur à Sackbayemé. « La première leçon c’est que, sans trop de moyens, je peux changer et améliorer mes conditions de vie à partir du matériel local. Je peux fabriquer un poulailler à partir du bambou, de l’engrais liquide à partir des vers de terre, faire une pépinière et multiplier de plants. »
Toutefois, le projet, entamé en 2019, a eu à souffrir d’une saison exceptionnellement trop sèche, doublée de longues coupures d’électricité.
Mais Jean Merlin Etobé, coordonnateur d’ingénieur sans frontière / Cameroun, reste positif : « En milieu rural, la famine n’est pas une fatalité. On peut arriver à l’éradiquer. Les paysans ont un potentiel très peu exploité. Il y a vraiment un travail à faire pour libérer toutes ces énergies. »
L’association pense par ailleurs travailler plus sur les énergies renouvelables en lieu et place des carburants difficiles d’accès ainsi que sur l’accès à l’eau. « Il a suffi d’une période exceptionnelle pour que les familles soient en difficulté », constate-t-il.
Ce projet a été financé en partie par l'Institut de la francophonie pour le développement durable. Il répond à l’objectif 2 des 17 objectifs du Programme de développement durable à l’horizon 2030 : « Éliminer la faim, assurer la sécurité alimentaire, améliorer la nutrition et promouvoir l’agriculture durable ».
(Crédit photo: IFDD/ Anne Nzouankeu)
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