Le Forum politique de haut niveau pour le développement durable organisé sous les auspices du Conseil économique et social (ECOSOC) a consacré sa troisième journée de travaux à examiner les perspectives des pays les moins avancés, des petits États insulaires en développement, des pays en développement sans littoral et des pays à revenu intermédiaire.
Les participants ont aussi fait le bilan de la mise en œuvre de l’objectif 11 de développement durable -villes et établissements humains inclusifs, sûrs, résilients et durables– qui, malgré le manque global de progrès, a suscité de l’espoir au vu de certaines réalisations.
La première table ronde a été l’occasion pour les États Membres et les organisations non gouvernementales de se pencher sur les problèmes de développement durable auxquels se heurtent les petits États insulaires en développement (PEID) et d’étudier les moyens de renforcer leur résilience grâce à une meilleure gestion des ressources en eau et de l’énergie durable.
La Haut-Représentante pour les pays les moins avancés, les pays en développement sans littoral et les petits États insulaires en développement, Mme Fekitamoeloa Katoa ‘Utoikamanu, a rappelé que les phénomènes météorologiques extrêmes qui ont frappé les PEID l’an dernier constituent un signal d’alarme sans équivoque. « Le stress hydrique, la croissance démographique, le coût élevé de l’importation des carburants fossiles sont des défis de taille pour ces pays. » Ce qui fait que la résilience et la viabilité sont loin d’être la réalité pour les PEID, a averti Mme Katoa.
Le Ministre de l’environnement, des terres et du développement agricole de Kiribati, M. Alexander Teabo, a donné l’exemple des projets menés dans son pays en matière d’eau et d’assainissement en vue de préserver la santé des habitants. Des réservoirs d’eau gérés par les communautés et destinés à recueillir l’eau de pluie ont ainsi été mis en place.
Ce qu’il faut, pour pallier le stress hydrique, c’est une gestion intégrée des ressources en eau, ont argué plusieurs intervenants. M. Adrianus Vlugman, de l’Organisation panaméricaine de la santé, a en outre proposé que les femmes jouent un rôle de premier plan dans cette gestion.
Les PEID ont aussi été présentés comme ayant un potentiel extraordinaire s’agissant des énergies renouvelables, pour autant qu’il soit exploité. Mais cela exige des partenariats robustes et un renforcement des capacités, a prévenu la Haut-Représentante.
Mme Tessa Williams-Robertson, de la Banque de développement des Caraïbes, a indiqué que la stratégie pour baisser le coût de l’énergie dans les PEID passe notamment par la création d’un environnement propice aux investissements du secteur privé. La Banque a pris des initiatives notamment pour contribuer au financement de l’exploitation de l’énergie géothermique.
Les perspectives des pays les moins avancés, des pays en développement sans littoral et des pays à revenu intermédiaire dans la réalisation des objectifs de développement durable ont été au centre des débats de la deuxième table ronde. Ces pays, qui totalisent plus de six milliards d’habitants, font face à des difficultés spécifiques, en particulier la pauvreté, selon le Directeur du contrôle et de l’évaluation des politiques publiques de la Colombie, M. Felipe Castro Pachón.
Au nom des pays les moins avancés, le Bangladesh a appelé à la mobilisation des ressources financières et techniques en faveur des PMA. Il a aussi demandé de l’aide pour le renforcement des ressources nationales, pour la Banque de technologies pour les pays les moins avancés, pour le renforcement des capacités de prévention, et pour continuer d’appuyer les PMA qui sont passés dans la catégorie des pays à revenu intermédiaire. Il a aussi réclamé une session consacrée exclusivement aux PMA.
La spécialiste politique principale de l’Alliance pour les villes de la Belgique, Mme Maruxa Cardama, a prôné la mise en place de cadres nationaux de politique urbaine pour créer une vision de transformation et demandé d’investir dans les infrastructures essentielles dont le financement est de l’ordre de 850 milliards de dollars jusqu’en 2050.
La troisième table ronde fut justement l’occasion d’examiner la mise en œuvre de l’objectif sur les villes et les établissements humains inclusifs, sûrs, résilients et durables, et de constater le manque global de progrès. Les participants n’ont pas caché les difficultés rencontrées, certains d’entre eux n’hésitant pas à tirer la sonnette d’alarme quand on sait, par exemple, que 1,6 milliard de personnes dans le monde n’ont pas un logement adéquat. L’Inde a indiqué, par exemple, que son pays doit bâtir l’équivalent de la ville de Chicago chaque année pour répondre aux besoins en logement.
L’objectif 11 ne sera pas atteint à moins que les États Membres ne développent une politique de logement basée sur les droits humains, a prévenu Mme Leilani Farha, Rapporteuse spéciale de l’ONU sur le logement durable. De son côté, l’Envoyé spécial du Secrétaire général pour la sécurité routière, M. Jean Todt, a plaidé pour une meilleure sécurité routière.
« Incluez les gouvernements locaux! » a lancé le maire de la ville de Genk, M. Wim Dries, qui a recommandé de suivre le principe de subsidiarité dans l’élaboration des programmes et stratégies. « Placées au plus près des citoyens, les autorités locales sont en effet les mieux placées pour répondre à leurs besoins. »
Il faut aussi intégrer systématiquement la perspective sexospécifique dans les plans de développement urbains, a renchéri Mme Shaila Shahid, d’International Centre for Climate Change and Development.
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