L’Instance permanente sur les questions autochtones a ouvert, ce matin, sa dix-septième session, sur le thème « Droits collectifs des peuples autochtones sur leurs terres, leurs territoires et leurs ressources », en présence de plus de 1 000 participants et du Président bolivien, M. Evo Morales Ayma, et comme le veut la tradition, après les mots de bienvenue du Chef de la nation onondaga, Tadodaho Sid Hill, de la tribu originelle de New York.
Selon la Banque mondiale, le monde compte aujourd’hui 370 millions d’autochtones, soit seulement 5% de la population mondiale mais 15% des plus pauvres. Les peuples autochtones perdent les terres et les ressources dont ils dépendent pour vivre, a alerté le Président de l’Assemblée générale. Ces peuples sont dépossédés; leurs terres et leurs ressources se dégradent autour d’eux, soit à cause des activités humaines, soit à cause des changements climatiques, a ajouté M. Miroslav Laj%u010Dák.
La protection des droits collectifs sur les terres, les territoires et les ressources sont des revendications majeures du mouvement international des peuples autochtones, a souligné la Présidente de l’Instance permanente. Mme Mariam Wallet Aboubkrine s’est enorgueillie de ce que « la collectivité » des droits offre une vision très différente des courants dominants qui reposent sur la propriété individuelle et la privatisation.
L’avancement de ces droits, a-t-elle fait valoir, est bénéfique au reste du monde, en ce qu’il participe à la lutte contre des problèmes tels que les changements climatiques et la perte de la biodiversité. Nous avons beaucoup à apprendre de la compréhension approfondie et de la profonde connexion qu’ont les peuples autochtones avec la Terre, a reconnu la Vice-Présidente du Conseil économique et social (ECOSOC), Mme Inga Rhonda King.
La communauté internationale s’ouvre de plus en plus aux peuples autochtones: c’est la bonne chose à faire parce que ces peuples ont le droit de participer à la prise de décisions à tous les niveaux, pour pouvoir déterminer leur propre développement, et c’est la chose la plus intelligente à faire parce que ces peuples sont riches de connaissances traditionnelles, de modes de vie durables et d’une vision holistique qui bénéficient à tous, a ajouté le Sous-Secrétaire général au développement économique, M. Elliot Harris. Après la Déclaration des Nations Unies en 2007, et la Conférence mondiale en 2014, le système des Nations Unies, a-t-il rappelé, a lancé en 2015 un plan d’action à l’échelle du système des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones qui identifie des mesures concrètes pour la mise en œuvre de la Déclaration.
Réélue ce matin par acclamation à la Présidence de l’Instance, Mme Mariam Wallet Aboubakrine a dénoncé le fait que seuls quelques pays aient pris des mesures pour défendre les droits collectifs des peuples autochtones et que l’application des lois soit souvent insuffisante, « voire inexistante ». « Tant que nos droits sur nos terres, territoires et ressources ne seront pas reconnus et défendus, nous risquons d’être « les laissés-pour-compte » du Programme de développement durable à l’horizon 2030, a mis en garde la Présidente de l’Instance.
Président du seul pays à avoir transposé la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones dans son droit national, M. Evo Morales Ayma, de la Bolivie, a fustigé les politiques d’accumulation des richesses qui ne respectent pas la Terre nourricière. « La Terre ne saurait être une marchandise du capitalisme », a souligné M. Evo Morales Ayma, premier autochtone à avoir été élu à la tête d’un État.
Le Président bolivien a appelé à une lutte renforcée contre le capitalisme, l’impérialisme et l’interventionnisme, sans oublier de s’ériger contre le « lexique international » qui parle de « questions autochtones » alors qu’il s’agit de « droits des peuples autochtones ».
La session s’est ouverte au rythme d’une guimbarde jouée par « Saina » Ekaterina Savvinova, de la République de Sakha, en Fédération de Russie, qui a également chanté des chants traditionnels iakoutes.
L’Instance a poursuivi ses travaux avec une table ronde sur les activités menées dans ses six domaines d’action, à savoir la santé, l’éducation, les droits de l’homme, le développement socioéconomique, l’environnement et les 5 000 cultures. Au cours des discussions, la situation des 7 000 langues autochtones s’est rapidement imposée à l’approche de la célébration, en 2019, de l’Année internationale qui leur sera consacrée. L’UNESCO a rappelé qu’elle est en train de préparer un plan d’action pour l’Année internationale.
Créée en 2000, l’Instance, qui est composée de 16 experts indépendants, a élu par acclamation Mmes Anne Nuorgam, Tarcila Rivera Zea et Zhang Xiaoan ainsi que M. Dimitrii Kharakka-Zaitsev à ses vice-présidences. Les fonctions de Rapporteur ont été confiées à M. Brian Keane.
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