Par Michel Damian, Professeur émérite, Université Grenoble Alpes.
dopté en 2015, l’Accord de Paris propose de « Contenir l’élévation de la température moyenne de la planète nettement en dessous de 2 °C par rapport aux niveaux préindustriels et de poursuivre l’action menée pour limiter l’élévation des températures à 1,5 °C. »
À ce titre, les États ont demandé aux spécialistes du GIEC de « produire en 2018 un rapport spécial sur l’impact d’un réchauffement global de 1,5 °C ». Ce document est attendu pour octobre 2018.
À quoi va-t-il servir ?
Une commande politique
Les objectifs du type « limitation de l’élévation des températures à 1,5 °C » ne sont pas des seuils imposés par les scientifiques ; ils résultent de choix politiques, comme le soulignait dans une interview de décembre 2015 la scientifique Valérie Masson-Delmotte, vice-présidente du groupe de travail I du GIEC (celui en charge des sciences du climat).
L’exigence de limitation à 1,5 °C a été portée dans les derniers jours de la COP21 par une coalition de petits États insulaires, de pays particulièrement vulnérables au réchauffement et de pays en développement.
Les climatologues du GIEC se sont bien gardés de participer au débat. Des scientifiques auraient même été briefés par des ONG pour ne pas intervenir à l’encontre d’un plafond auquel ils ne croient pas ou plus.
« Inclure les 1,5 °C dans l’Accord était un objectif moral », a plaidé Saleemul Huq, directeur de l’International Centre for Climate Change and Development de Dhaka (Bangladesh) et avocat célèbre des pays pauvres et vulnérables.
Ce que disent les climatologues
Les travaux publiés depuis conduisent à deux certitudes.
Premièrement, un accroissement additionnel de 0,5 °C (de 1,5 °C à 2 °C) marquerait le contraste entre des évènements climatiques qui se situent dans la limite supérieure de la variabilité naturelle d’aujourd’hui et un nouveau régime climatique, tout particulièrement dans les régions tropicales.
Ensuite, ne pas dépasser les 1,5 °C exige de réduire drastiquement, et rapidement, les émissions de gaz à effet de serre. Et donc de révolutionner les systèmes énergétiques, les modes de produire et les styles de vie.
Les incertitudes demeurent cependant grandes, en particulier sur le budget carbone disponible – c’est-à-dire le CO2 qu’il est encore possible d’émettre – pour ne pas dépasser 2 °C ou 1,5 °C de réchauffement ; et aussi sur les relations entre émissions et changements de température, qui rendent bien difficile de savoir si l’on se dirige effectivement vers un réchauffement de 1,5 °C ou plutôt de 2 °C.
Le rapport à paraître en octobre présentera l’état de l’art des travaux scientifiques sur ces questions. S’agissant des « émissions négatives », volet essentiel de la lutte contre le changement climatique, ces travaux sont pour l’heure cacophoniques.
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