Par Jean-Yves Katelan
Presque toutes les langues possèdent une « oasis ». Le mot est inscrit au lexique mondial de l’humanité. Étymologiquement, il vient du copte qu’on parlait en Égypte ancienne et désigne un lieu d’habitation. L’histoire en a fait une enclave, un coin de terre fertile sur un point d’eau isolé, puis une étape sur la route des nomades, des armées et des commerçants. Ainsi s’est inscrit, dans notre imaginaire (post) colonial, cet îlot de verdure dans un désert de sable, où broutent les dromadaires à l’ombre des palmiers dattiers.
Mais cette image est aujourd’hui désuète ; les géographes n’ont que faire du romantisme orientaliste et éprouvent quelque réticence à mettre Épinal – et ses fameuses images – en plein Sahara. Eux voient des « oasis » dans les déserts côtiers d’Amérique du Sud ou les montagnes d’Asie centrale, loin de la carte postale d’antan.
Dans les oasis modernes, moins identifiables et donc difficiles à dénombrer, l’eau est toujours au cœur de l’évolution des périmètres irrigués, de l’intervention des États, des investissements des agro-industriels ou des propriétaires familiaux, de l’afflux des touristes, de l’exode des paysans ou de l’installation des néoruraux. Mais au-delà de ces mouvements de terrain, de capitaux et de population, c’est le concept même d’oasis qui est aujourd’hui mouvant. Deux géographes françaises, Émilie Lavie et Anaïs Marshall, membres du laboratoire Prodig, ont publié cet été un ouvrage en anglais, qui fait suite au colloque « Oasis dans la mondialisation : ruptures et continuités » organisé à Paris en 2013...
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Source : Le journal du CNRS
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