Les sciences environnementales auront eu leur lot de controverses autour de l'expertise scientifique. Pourtant, le constat selon lequel les pouvoirs publics paraissent ne plus pouvoir se passer de l'expert est particulièrement flagrant sur le terrain environnemental, caractérisé par l'incertitude et le risque. Dissémination des organismes génétiquement modifiés dans la nature, effets des émissions de gaz à effet de serre, déclassification de centrales nucléaires, préservation de la biodiversité sont autant d'illustrations d'une certaine complexification de la description des faits, conséquence, notamment, de l'apparition de ces nouveaux risques, dommages, caractérisés par l'incertitude scientifique, non seulement s'agissant de leur évaluation, mais aussi de leur réalisation. Dès lors, le recours de plus en plus fréquent à l'expert relève du paradoxe : la haute teneur scientifique des décisions impose presque systématiquement un recours à l'expert alors que, dans le même temps, l'incertitude scientifique couplée au fort enjeu politique entourant la décision complexifie l'utilisation de l'expertise.
L'examen de ces relations plus ou moins problématiques interpelle plusieurs niveaux de connaissances, ce qui crée alors ce que l'on pourrait appeler, peut-être ironiquement, une expertise de l'expertise. Ce nouveau niveau d'expertise peut faire appel à la fois à des réflexions d'ordre sociologiques, politiques, épistémologiques, éthiques ou communicationnelles - pour ne nommer que celles-là - qui se doivent de pouvoir dialoguer avec les différents champs d'expertise en question. Se crée alors une interdisciplinarité nécessaire et problématique, qui tente à la fois de réfléchir sur le processus de l'action des experts que sur les finalités de celui-ci. Voilà la tâche d'éclairage à laquelle a voulu s'attaquer [VertigO] le dossier
Controverses environnementales : expertise et expertise de l'expertise. Une réflexion pour les professionnels et les scientifiques en sciences de l'environnement qui se sont souvent amenés à être des experts pour les gouvernements ou les groupes sociaux.
Les auteurs des articles retenus pour ce dossier utilisent autant l'architecture, le transport, l'énergie nucléaire, les changements climatiques ou la biodiversité afin d'interroger l'expert et l'expertise dans le cadre de la gouvernance environnementale.
Ce dossier est accompagné par une section Varia regroupant 13 articles. Pour en savoir plus sur les articles de cette section
http://vertigo.hypotheses.org/1634