Par Florian Sévellec, Associate Professor in Ocean Physics, University of Southampton
Les quatre prochaines années devraient être anormalement chaudes et viendront intensifier le changement climatique en cours. C’est ce qui ressort d’une toute récente étude que mon collègue Sybren Drijfhout et moi-même venons de publier.
Nous avons mis au point un nouveau dispositif de prévision, appelé PROCAST (pour « Probabilistic forecast »), dont nous nous sommes servis pour prévoir la variabilité naturelle du climat. Cette variabilité désigne la façon dont le climat évolue sur plusieurs années entre des phases chaudes et des phases froides ; cette variabilité est dite « naturelle » car elle se distingue de la tendance au réchauffement climatique global sur le long terme induit, par exemple, par les activités humaines.
PROCAST met ainsi en lumière la probabilité d’une phase de chaleur liée à la variabilité naturelle du climat pour la période 2018-2022.
Nos travaux, publiés dans Nature Communications, contribuent à améliorer notre capacité d’anticipation, des mois à l’avance, face à des événements tels que les vagues de chaleur ou de froid ; et l’on sait aujourd’hui combien les aléas climatiques ont un impact direct sur nos vies. Les vagues de chaleur peuvent, par exemple, entraîner une surmortalité et ce en quelques semaines seulement. Durant la canicule de 2003, la sécheresse avait notamment provoqué une baisse de la production de blé de 12 % au Royaume-Uni.
Quant aux hivers plus rigoureux, ils peuvent aggraver les infections respiratoires, ce qui ne manque pas de mettre sous tension les services hospitaliers et l’approvisionnement en médicaments. La demande pour les vaccins antigrippe varie ainsi très sensiblement en fonction des conditions météorologiques. La neige de l’hiver 2010 a par exemple pesé lourd sur l’économie britannique ; on estime à 690 millions par jour le coût de ces épisodes neigeux, au cours desquels la consommation de gaz a considérablement augmenté. Prévoir ce type d’événements saisonniers devient aujourd’hui crucial, pour être en mesure de s’y adapter de manière précoce et efficace.
Si les scientifiques ont réalisé d’importants progrès ces dernières années dans la compréhension et la modélisation numérique du climat, leurs découvertes n’ont pas encore permis de prévoir le climat d’une année à l’autre. Cette incapacité s’explique par le chaos déterministe qui caractérise le système climatique ; un phénomène devenu célèbre grâce au concept d’« effet papillon », qui décrit comment une minuscule erreur dans l’évaluation de l’état actuel peut avoir de sérieuses conséquences plus tard...
La version originale de cet article a été publiée sur The Conversation.
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