Au cours de ces dernières décennies, l’augmentation des activités humaines a entraîné l’exposition des populations animales à des milliers de polluants. Parmi les milieux aquatiques d’eau douce, les zones humides sont des écosystèmes complexes dans lesquels les xénobiotiquess’accumulent. Dans ces milieux, un déclin dramatique des populations d’amphibiens a été observé au niveau mondial depuis les années 1980, à un taux 200 fois supérieur à celui décrit pour les autres espèces. Pour de nombreux scientifiques, la multipollution par les perturbateurs endocriniens (PE), en combinaison avec d’autres facteurs, pourrait jouer un rôle prépondérant dans ce phénomène donnant le statut de sentinelles environnementales aux amphibiens. D’autres auteurs soutiennent en revanche que les amphibiens ne sont pas plus sensibles que les autres espèces aux PE aux concentrations auxquelles ils sont présents dans les écosystèmes.
Pour répondre à cette question, le consortium mené par le Laboratoire d’écologie alpine (LECA) a exposé des xénopes (Xenopus tropicalis) du stade têtard au stade adulte mature à deux perturbateurs endocriniens modèles, l’hydrocarbure aromatique polycyclique benzo[a]pyrène (BaP) et l’antimicrobien triclosan (TCS). Les concentrations d’expositions ont été choisies pour être non seulement compatibles avec les doses environnementales mais également pour être en dessous du seuil autorisé par la réglementation dans l’eau de consommation.
Cette étude démontre pour la première fois que les amphibiens sont particulièrement sensibles aux perturbateurs endocriniens même aux concentrations ne semblant pas avoir d’effet sur les autres vertébrés. Elle pourra servir de point de départ pour d’autres études portant sur la contribution directe de ces perturbateurs dans le déclin des populations d’amphibiens au travers d’une perturbation du métabolisme énergétique.
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