Alors que la société se retrouve confrontée à une accélération de l’évolution du niveau de la mer provoquée par le changement climatique, rendant ainsi les côtes et leurs populations plus vulnérables, l’apport majeur de la science dans l’étude de ces variations doit occuper le centre des débats. Les Journées REFMAR organisées du 2 au 4 février au Siège de l’UNESCO ont permis aux communautés concernées de présenter un état des lieux scientifique et des pistes à suivre afin de mieux appréhender ce phénomène.
« Des observations océaniques systématiques et soutenues sont la condition à l’avancement de la science marine, de l’océanographie, et de conseils et de produits développés pour la protection de la société, » a déclaré Thorkild Aarup, membre de la Commission océanographique intergouvernementale (COI) de l’UNESCO et Secrétaire technique du Système mondial d’observation du niveau de la mer (GLOSS), le 2 février lors de l’ouverture du colloque.
Face à l’augmentation de la demande en matière de surveillance du niveau de la mer – localement et globalement –, le GLOSS joue un rôle majeur pour répondre à ce besoin. « La principale motivation de ce programme découle de la volonté de contribuer à une meilleure compréhension du niveau de la mer et de sa variabilité, sur une large gamme d’échelles spatiales et temporelles, » a ajouté Thorkild Aarup. Etabli en 1985, le GLOSS repose sur la participation d’un vaste réseau d’institutions de 70 pays qui mesurent le niveau de la mer sur la base d’une norme standardisée de recherche.
Les impacts de l’élévation du niveau de mer incluent entre autres les inondations dans les basses terres des régions côtières, principalement lors de très grandes variations du niveau de la mer, l'érosion côtière des plages, et les dommages causés aux écosystèmes côtiers, aux ressources en eau et aux infrastructures côtières.
Les journées du 3 et du 4 février – dédiées respectivement aux thèmes des « surcotes marines » et de « l’évolution du niveau de la mer » – se sont achevées par une table ronde animée par Anne-Cécile Bras, journaliste environnement à RFI.
Les participants se sont accordés sur l’importance de travailler entre différentes communautés, « par exemple satellitaires, océanographes, paléo-climatologues, ou encore en sciences sociales, » a expliqué Jean Jouzel, auteur principal des 2e et 3e rapports du GIEC. Cette fusion des compétences, appuyée par la mise en place d’une sensibilisation de la population aux risques liés à la hausse du niveau de la mer, permettrait aux élus de prendre les bonnes décisions – « savoir pour agir et agir ensemble pour savoir, » a résumé Pascal Mallet, de l’Office des risques majeurs de l’estuaire de la Seine.
« Les avancées technologiques permettent désormais aux réseaux d’observation de se baser sur la réalité virtuelle non seulement pour tester différents scénarios de catastrophes naturelles et les diverses solutions, mais également pour visualiser les dégâts et victimes potentiels, » a détaillé Luc Hamm, du bureau d’étude ARTELIA. De même, il est aujourd’hui possible grâce à des diagnostics de vulnérabilité de limiter ces impacts en repérant les infrastructures fragiles et en les rendant plus résilientes.
Philippe Dandin, de Météo-France, a quant à lui évoqué le sauvetage des données (« data rescue »). L’observation de nos sciences est d’après lui fondamentale, et les archives en sont le pilier. Leur numérisation ont permis des progrès en permettant aux anciennes données d’être intégrées et quantifiées dans les analyses actuelles.
Un accent particulier a été donné à l’Afrique avec la présence de Mariline Diara, Directrice de l’environnement et des établissements classés au ministère de l’environnement du Sénégal, et Kouadio Salomon Yao, du Centre de recherches océanologiques de Côte d’Ivoire. Ce dernier a annoncé la mise en place d’alertes précoces de risques marins dans son pays, car « nous sommes trop axés sur les conséquences des catastrophes plutôt que sur des systèmes de prévention. » Le littoral ivoirien a été durement touché par des tempêtes en 2011 et 2014 notamment.
Mariline Diara a également partagé la volonté du Sénégal de développer un observatoire du littoral, où une grande partie de l’économie nationale est basée. Les informations récoltées permettraient alors d’informer les prises de décision et de se projeter dans l’avenir en matière de gestion des côtes.
Pour conclure ces Journées REFMAR, les participants ont réitéré la nécessité pour les états d’investir et de financer leurs propres réseaux d’observation au niveau national, sans lesquels les programmes internationaux et les échanges de données ne sont pas possibles.
Ce colloque de trois jours a été co-organisé par le SHOM, Service hydrographique et océanographique de la Marine ; la COI ; le Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM) ; et le ministère de l’Ecologie. Près de 150 experts scientifiques et chercheurs de quelques 20 pays francophones, dont 11 africains, y ont participé.
Communiqué de l'UNESCO (872 hits)