Un accord sur le climat pour tous les pays, tant du Nord que du Sud. Telle est, du point de vue du Cirad, voire de la recherche agronomique pour le développement en général, la grande avancée du texte signé à Paris le 12 décembre par 195 Etats. L’accord ouvre la voie à des pratiques d’atténuation et d’adaptation dans les pays en développement. Les programmes 4 pour 1000 sur le stockage de carbone dans le sol ou ceux liés à l’agriculture climato-intelligente y seront aisément intégrés.
L’accord de Paris sur le changement climatique revêt un changement majeur pour le Cirad en particulier et pour la recherche agronomique pour le développement en général. Il prévoit en effet que tous les pays doivent participer à la lutte contre le changement climatique alors que le protocole de Kyoto n’engageait que les pays développés.
Le carbone du sol, élément clé des pays en développement
Les «responsabilités [sont] communes, mais différenciées». Cela signifie que les pays en développement ont un rôle à jouer en termes de réduction des émissions ou de stockage du carbone et ne peuvent pas se limiter à la seule adaptation au changement climatique. Même si ce rôle dans l’atténuation peut être symbolique pour certains pays qui n’émettent quasiment pas de gaz à effet de serre, il est important pour un domaine clé pour le Cirad : le carbone du sol sur lequel mise le programme 4 pour mille, officiellement lancé par le ministre Le Foll dans le cadre de la COP. Le fort potentiel de compensation des émissions anthropiques de gaz à effet de serre par l’augmentation du carbone fixé dans les sols est particulièrement élevé dans les zones tropicales, justifiant ainsi les recherches que le Cirad peut mettre en œuvre dans ce domaine.
Un fonds vert
L’accord entérine « la situation particulière des pays en développement et des pays les moins avancés ». Il insiste sur la protection des populations, des moyens d’existence et des écosystèmes, « en tenant compte des besoins urgents et immédiats des pays en développement (…) particulièrement vulnérables aux effets néfastes des changements climatiques ». On peut donc espérer ici une augmentation de l’aide publique au développement ciblée sur le climat via, notamment, le fonds vert. Ce fonds, qui sera abondé par les pays du Nord à partir de 2020 à hauteur de 100 milliards de dollars par an, bénéficiera aux pays du Sud. Rien n’est dit toutefois sur la manière dont les pays développés l’alimenteront… Le Cirad pourra contribuer à la mise à jour des INDCs (contributions déterminées au niveau national) des pays concernés pour y inclure la dimension agricole, pas toujours présente.
Trouver une synergie entre atténuation et adaptation
La question importante de la synergie entre l’atténuation et l’adaptation, au cœur du concept d’agriculture climato-intelligente (climate-smart agriculture) est également mentionnée. Cette mention apparaît, détail important, dans la section sur l’atténuation, ce qui de facto lie les deux concepts alors que, rappelons-le, les négociations climatiques internationales sont des négociations qui portent a priori sur l’atténuation.
Une initiative que suivra de près le Cirad concerne la mise en place d’une plateforme « pour l’échange des données d’expérience et la mise en commun des meilleures pratiques en matière d’atténuation et d’adaptation de manière holistique et intégrée ». Autre objectif d’intérêt pour l’établissement, le « renforcement des capacités dans les pays en développement » que cible la création du « Comité de Paris ». Le document invite notamment à améliorer « la participation à ce processus d’experts de pays en développement ».
Alimentation durable et forêts en tête de pont
Concernant les domaines d’action visés par l’accord, « la sécurité alimentaire, la faim, et la vulnérabilité particulière des systèmes de production alimentaire », références indirectes à l’agriculture, sont cités dans le préambule de l’accord lui-même, et à nouveau dans l’article 2.
Les forêts sont bien entendu mentionnées, y compris dans les pays en développement, l’accord confirmant les décisions prises lors des négociations précédentes. Sont notamment mentionnées les incitations pour réduire les émissions liées à la déforestation et les puits et réservoirs de gaz à effet de serre des forêts. L’article 5 de l’accord insiste par ailleurs sur « l’accroissement des stocks de carbone forestier dans les pays en développement ».
Cela, ajouté à la séquestration de carbone, permet au Cirad d’asseoir la cohérence de ses programmes de recherche actuels et à venir sur les relations entre agriculture et changement climatique.
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