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Les intérêts économiques à court terme en Asie du Sud-Est causent un "vandalisme environnemental", a déclaré le haut responsable de l'environnement de Singapour



  • Les intérêts économiques à court terme en Asie du Sud-Est causent un «vandalisme environnemental», a déclaré le haut responsable de l’environnement de Singapour lundi.

    Vivian Balakrishnan, le ministre singapourien de l’Environnement et des Ressources en Eau, a parlé de façon directe des causes et effets de la déforestation dans la région. Il a exhorté à une plus grande transparence, une application de la loi plus stricte et des peines plus sévères pour les activités liées à la déforestation.

    «Nous avons un problème», dit-il. «La racine de ce problème sont les intérêts commerciaux inadaptés.»

    M. Balakrishnan a parlé devant près de 2 000 participants du Sommet de l’Asie sur les Forêts à Jakarta, juste après que le président de l’Indonésie, Susilo Bambang Yudhoyono, ait prononcé le discours d’ouverture. En juin dernier, les relations entre le Singapour et l’Indonésie ont été tendues, lorsque la fumée provenant de feux de tourbe à Sumatra a dérivé jusqu’à Singapour, provoquant la pire pollution atmosphérique jamais enregistrée.

    Toutefois, il a également reconnu les effets plus amples de la déforestation continue sur le climat.

    «Même lorsque nous coupons les forêts, car nous avons besoin davantage de terres pour l’agriculture, c’est en fin de compte autodestructeur, puisque le changement climatique progresse et le niveau des mers monte», dit-il. «La nature se vengera sur nous.»

    «Si nous continuons sur cette trajectoire, nous serons tous en difficulté.»

    Veuillez trouver ci-dessous, la transcription du discours du ministre Balakrishnan.

    «Nous avons un problème avec les nuages de fumée transgressant les frontières – et je tiens à souligner trois points.

    Le premier point est que les intérêts commerciaux inadaptés sont la racine de ce problème. La raison pour laquelle des entreprises brûlent des forêts et s’engagent dans la dégradation non-durable des terres est le profit à court terme.

    Le deuxième point est que les principales victimes de ceci sont effectivement les populations autochtones locales vivant sur et à proximité de ces terres faisant l’objet d’un tel vandalisme environnemental.

    Le troisième point est qu’il est, par conséquent, urgent que les gouvernements, les organisations non gouvernementales et les communautés locales insistent sur la transparence, collaborent plus efficacement, mènent des enquêtes et poursuivent les responsables.

    Il existe trois raisons principales pour lesquelles ce problème est important. Tout d’abord, la perte de biodiversité. Deuxièmement, les émissions massives de gaz à effet de serre et, troisièmement, les impacts négatifs et réels que ces pratiques ont sur la communauté mondiale.

    Les forêts de l’Asie du Sud-Est représentent environ 5% des forêts du monde. Nombreuses sont toutefois les personnes qui ne considèrent pas suffisamment le fait que la biodiversité est plus élevée dans les forêts de l’Asie du Sud-Est qu’en Amazonie ou dans les forêts tropicales africaines. De plus, il est certain que la biodiversité est plus grande dans un petit endroit tel que le Singapour que dans l’ensemble du territoire continental des Etats-Unis. Subséquemment, si nous gérons mal la forêt tropicale dans nos alentours, il ne s’agit pas seulement d’une perte pour nous, mais pour la planète entière.

    Cependant, nous savons que, malheureusement, l’Asie du Sud-Est perd ses forêts tropicales à un rythme sans précédent. Une publication de 2013 dans la revue Science Journal a révélé qu’entre 2000 et 2012 la surface de perte forestière dans le monde s’élevait à approximativement 2,3 millions de kilomètres carrés [1]. Pour donner un ordre de grandeur, cela représente environ 3 100 fois la taille de Jakarta, voir 1,2 fois la surface de toute l’Indonésie.

    Les forêts de l’Asie du Sud-Est ne sont pas épargnées par ce développement inquiétant, qui est essentiellement attribuable à l’intérêt économique. L’exploitation forestière et les coupes à blanc pour le bois à pâte ont abouti à une déforestation massive.

    Celle-ci ne se répercute pas uniquement sur la perte de biodiversité ; mais également sur le changement climatique mondial. La déforestation contribue à un rythme alarmant aux émissions de gaz à effet de serre. Un rapport de 2010 sur la REDD suggère que la majorité des émissions de gaz à effet de serre (GES) de l’Indonésie proviennent effectivement des activités liées à l’utilisation des terres ; 37% en raison de la déforestation et 27% en raison des feux de tourbe. La déforestation ayant lieu sur des tourbières, en particulier celles défrichées par le feu, libère une quantité disproportionnée de dioxyde de carbone.

    J’ai lu une étude récente, menée par le CIFOR, qui estime qu’en juin de l’année dernière, lorsque nous avons subi le pire épisode de fumée transfrontalière jusqu’à présent en Asie du Sud-Est, environ 171 mégatonnes de gaz à effet de serre d’équivalant dioxyde de carbone ont été libérées dans l’atmosphère. Pour comparer, ces 171 mégatonnes de dioxyde de carbone représentent environ 10% des émissions de gaz à effet de serre annuelles déclarées par l’Indonésie pour la période 2000 à 2005.

    C’est ironique ce que nous dépensons, et je sais que nous tous, en tant que négociateurs sur le changement climatique, avons de très grandes empreintes de carbone, vu que nous voyageons en avion à travers du globe pour libérer plus d’air chaud lors des négociations. Je trouve ironique que nous discutions de baisser de quelques points les pourcentages dans les engagements internationaux, alors qu’ici même dans nos alentours, nous émettons des quantités aussi immenses de dioxyde de carbone.

    Nous devons être franc à ce sujet et accepter que nous ayons un problème. En outre, toute la question du développement durable des forêts est effectivement un problème complexe, car en plus d’être une source de biodiversité et de fournir des pâtes à papier et du bois, nous devons faire face à l’enjeu de la concurrence par l’agriculture quant au développement des terres...

    Source : CIFOR

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