Le rapport final du projet Ecotic (financé par l'Institut Télécom) vient de paraître (novembre 2009). Responsable du projet : Fabrice Flipo (Telecom Ecole de Management) ; Contributeurs : Cédric Gossart (Telecom Ecole de Management), François Deltour et Bernard Gourvennec (Telecom Bretagne) , Michelle Dobré (Université de Caen), Marion Michot et Laurent Berthet.
La prise de conscience d'une crise environnementale majeure ainsi que la numérisation croissante de nos modes de vie constituent deux éléments saillants des transformations actuelles de notre société. Notre étude a pour objectif de mieux comprendre la nature du lien entre ces deux facettes de notre société et questionne les enjeux écologiques des technologies numériques de l'information et de la communication (TNIC). Le terme de " Green IT " ou " TIC vertes " commence à se diffuser, afin d'affirmer le potentiel écologique de ces technologies ou, au contraire, d'en souligner le caractère usurpateur. La production et l'usage des TIC participent-ils à rendre notre société plus écologique ou bien génèrent-il des pollutions et des " effets rebonds " qui pourraient bien faire plus qu'annuler les bénéfices escomptés ?
Notre étude vise à dresser un tableau de la réalité des TIC vertes et pose la question : peut-on croire aux " TIC vertes " ? Pour répondre à cette interrogation, notre étude s'appuie sur une approche interdisciplinaire relevant à la fois des sciences sociales (philosophie, sociologie, sciences politiques, gestion, marketing) et des sciences de l'ingénieur. La méthode de recherche mobilise conjointement une large revue de la littérature académique et professionnelle, des entretiens avec des acteurs clés ainsi que des techniques de focus group auprès d'utilisateurs des TNIC.
Dans la première partie de l'étude, un bilan des connaissances sur le domaine est réalisé. Suite à un panorama des grands enjeux, un état des lieux est apporté sur la question environnementale en lien avec le développement des technologies numériques. Les chiffres clés sont présentés, montrant l'urgence de la question. Les méthodes d'analyse actuelles permettant d'évaluer le caractère environnemental des technologies numériques sont étudiées d'un point de vue critique : centrées sur les effets directs " de premier ordre " et sur le cycle de vie des technologies, ces méthodes d'analyse ne soulèvent généralement pas ou peu les questions sociales et sociétales qui s'imposent.
La seconde partie de notre étude, plus empirique, vise à approfondir les représentations et les engagements des acteurs socioéconomiques vis-à-vis des technologies numériques vertes. Ces investigations se penchent aussi bien sur les points de vue des producteurs, des distributeurs, des pouvoirs publics que ceux du mouvement associatif ou des consommateurs. Nous abordons aussi les éléments quantitatifs qui sont mis en avant. Comment leurs rapports entre écologie et technologies numériques diffèrent, se complètent ou s'opposent-t-ils ? C'est là que réside toute la difficulté de compréhension de la notion de technologie numérique " verte ".
La conclusion de l'étude apporte plusieurs réponses en soulignant les différentes priorités qui existent et le jeu de report de responsabilités qui s'opère entre acteurs. Ces résultats nous amènent à élargir le débat autour de la notion de consommation verte (consommer sa juste part de nature) et d'acception de la notion de modernité. Où la modernité ne se réduit pas à un tout numérique.
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