Les plantes vivant actuellement sur Terre représentent-elles toutes les combinaisons possibles de formes et de fonctions permettant leur croissance, leur survie et leur reproduction? Pour répondre à cette question, une équipe internationale représentant quatorze pays, et coordonnée par la chercheuse argentine Sandra Díaz (récemment élue membre étrangère de l’Académie des Sciences), a analysé le jeu de données le plus exhaustif jamais compilé pour les traits fonctionnels végétaux, en rassemblant des informations sur plus de 46 000 espèces, allant de l’arabette des dames à l’Araucaria, de la ronce à la noix du Brésil, du chanvre à l’épineux Hakea australien, du Sedum au Sequoia, du cresson au mimosa.
Dans un article publié le 23 décembre 2015 dans la revue Nature, ces auteurs ont montré que des caractères de formes et de fonctions des plantes (appelés « traits »), tels que la hauteur d’une plante, la taille de ses feuilles et de ses graines, ainsi que les propriétés physiques et chimiques de leurs tissus foliaires et de leurs tiges, tendent à former des combinaisons étonnamment peu nombreuses. Si on imagine la grande diversité de plantes vasculaires sur Terre comme un nuage de points à six dimensions, ce volume apparait particulièrement petit et plat par rapport à l’espace qui serait occupé si tous ces traits variaient indépendamment les uns des autres, de la même façon que la Voie Lactée n’est pas un nuage informe, mais ressemble plutôt à un disque. Les trois quarts de la variation des traits dans cet hypervolume se concentrent en fait dans un « spectre global de forme et de fonction des plantes » à deux dimensions. Un premier axe de ce plan reflète la taille des plantes et de leurs organes : le second représente la robustesse avec laquelle les feuilles sont construites et les capacités d’acquisition du carbone de la surface foliaire, allant de feuilles fragiles et très productives, à des feuilles plus difficiles à produire, très robustes, voire coriaces, et plus résistantes à la sécheresse ou à l’herbivorie...
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